Disons-le d’emblée : la phrase « Ils ont tout quitté pour voyager » risque, en 2019, de me faire lever les yeux au ciel plus que de me faire rêver. Éculée par un nombre incalculable de blogueurs au cours de la dernière décennie (la majorité n’ayant même pas atteint le quart de siècle), la formule a même plutôt tendance à me faire fuir, pour être honnête. Alors pourquoi ai-j’ai aimé le récit de Paul-Marcel Adam et Sonia Sauvette ? Justement parce qu’ils ne sont pas blogueurs… et qu’ils ont déjà entamé la quarantaine.
Présenté dans un format parfait pour nous accompagner partout – tous les récits de voyage devraient à mon avis être petits et faciles à transporter ! -, Un couple dans le van, publié chez Château d’encre, maison fondée en 2017 par Lison Lescarbeau, est d’avantage un recueil de réflexions qu’un récit d’aventures. Tous deux pris dans le tourbillon de leur carrière respective chez SNC Lavallin et Rio Tinto Alcan, les auteurs ont ressenti le besoin d’un retour à l’essentiel après un voyage de deux semaines au Costa Rica. Nous les suivons de leur prise de conscience à leur retour. Au total, le duo parcourra plus de 40 000 kilomètres dans neuf pays au cours des 365 jours de ce voyage qui laissera des traces.
Le quotidien sur la route
Très accrocheur, le premier chapitre laisse présager quelques épisodes rocambolesques, mais c’est surtout la vie quotidienne sur la route, l’apprivoisement d’un nouveau rythme et les rencontres qui sont au coeur du récit. Les destinations y sont presque secondaires. On découvre le voyage par thèmes et non de manière chronologique.
Si j’ai parfois eu du mal à savoir qui, de Sonia ou de Paul-Marcel, était au bout de la plume, j’ai apprécié le ton tout au long du récit et l’écriture soignée. Un extrait, alors qu’ils sont au Guatemala :
« La vie se met en place autour de ce groupe. On parle. On rit. On cuisine après avoir pris l’apéro. On nage ensemble. On peut changer d’avis et d’envie, se retirer dans ses quartiers. La peur de déplaire n’existe pas. Cette simplicité dans les relations est rafraîchissante. Il n’y a pas d’attente. Ces moments ressemblent à un film où des amis se retrouvent en vacances. Sauf que nous, nous sommes de parfaits étrangers. Sans passé ni futur en commun, nous profitons pleinement du présent. Ces moments nous soudent. Il y a un esprit de famille entre les voyageurs. »
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