Livres

Avec pas une cenne : histoires de voyageurs (plus ou moins) fauchés

2 novembre 2019

Chaque année, je reçois de nombreux livres sur le voyage, certains pratiques, d’autres plus littéraires. Au cours des prochaines semaines, je vous en présenterai quelques-uns ici. De chouettes cadeaux à offrir aux  globe-trotters de votre entourage (en plus des miens, bien sûr 😉 !

Je commence avec le collectif Avec pas une cenne, publié aux Éditions Québec Amérique sous la direction de Mélissa Verreault, que j’ai savouré pendant mon voyage en Australie le printemps dernier (les photos de cet article ont d’ailleurs été prises à la plage Hyams, sur les rives de la baie de Jervis).

Le bon côté des collectifs : l’opportunité de découvrir l’univers d’auteurs que nous ne connaissons pas, en retrouvant ceux qui nous ont déjà conquis. Le point négatif : l’éclectisme des styles et des thèmes abordés en font souvent de curieux objets. Tout le monde y trouve son compte, mais personne ne peut vraiment tout aimer. Avec pas une cenne renferme des perles et d’autres histoires moins percutantes. Tout est bien sûr une question d’affinités, de perceptions, d’expériences et d’intérêts.

D’entrée de jeu, mentionnons que le titre ne définit pas tous les récits. Jean Désy semble par exemple fréquenter davantage la ouate que les coquerelles dans Aotearoa mes amours, qui relate un séjour en Nouvelle-Zélande. Son journal de bord plaira sans doute à un public différent des lecteurs intrigués par son titre, qui fait plutôt référence aux voyages à petit budget et laisse présager moult péripéties.

Les récits

Pour ma part, j’ai eu un énorme coup de coeur pour la plume efficace de Kadidja Haïdara. Premier texte du recueil, Matriarche m’a fait HURLER de rire – à plus d’une reprises, d’ailleurs. Conteuse hors pair, l’autrice nous entraîne dans les méandres d’une histoire de marde (littéralement). Moi qui lève souvent les yeux au ciel dans les récits qui se veulent humoristiques, j’ai totalement embarqué dans cette histoire de vacances d’apparence banales à Old Orchard qui se transforment en aventure rocambolesque. Je ne vous en dis pas plus, mais disons que bien des parents se retrouveront dans ce récit presque en odorama (note à l’autrice : moi aussi j’ai la fâcheuse habitude de chanter dans les moments de panique).

Même si j’ai lu le livre il y a plus de six mois, je me souviens encore très bien du texte de Rodolphe Lasne, Gilgit hors piste. L’écrivain nous emmène au nord du Pakistan, où il suit les traces d’un mystérieux voyageur qu’il croit être un espion anglais. Le récit se démarque grâce à la plume sensible et juste de Rodolphe, dont le bagage de journaliste voyage n’est jamais loin. Dès le début, on se retrouve avec lui dans l’autobus qui menace à tout moment de rejoindre les carcasses des véhicules qui gisent en bas des pentes. Un extrait, pour vous mettre dans l’ambiance :

« La route était longue, cahoteuse, effrayante, spectaculaire. Elle s’accrochait au flanc des collines, surplombant une vallée qui serpentait entre les pics enneigés. Une rivière laiteuse en contrebas, l’horizon à portée de main, des fois pas plus loin que le prochain tournant d’où débouchait un camion bariolé, surchargé, qui nous frôlait en klaxonnant, une poignée d’hommes agrippés aux ballots penchés vers le vide. »

La vérité dans le sable de Kévin Lavoie, qui parle d’un éveil (et d’un réveil) sexuel à Zipolite, au Mexique, fait partie des récits qui m’ont le plus marquée, tout comme celui de Vincent Brault, Hanami, ou l’art de contempler les cerisiers en fleur, qui se déroule au Japon.

On retrouve aussi dans Avec pas une cenne la plume colorée de Catherine Éthier, qui signe un récit qui se déroule en Angleterre sur fond d’amour, de jalousie et de pâté de canard à l’orange, Music from Seattle, de Mélissa Verreault, dans lequel plusieurs voyageurs sac au dos souriront en se rappelant leurs premiers voyages du genre, ainsi que les textes de Juliana Léveillé-Trudel, Jean-François Provençal, Carmel-Antoine Bessard, Olivier Sylvestre, Érika Soucy et Véronique Grenier.

Comme c’est chaque fois le cas quand je plonge dans un livre qui fait voyager, j’aurais préféré un format plus petit pour le traîner encore plus facilement partout, mais j’ai tout de même pris un très grand plaisir à faire connaissance avec la dizaine de bourlingueurs qui partagent leurs tranches de route.

Avec pas une cenne devant la baie de Jarvis, en Australie

Avec pas une cenne, en résumé :

Pour qui : les voyageurs à petit budget, qui se retrouveront dans plusieurs anecdotes relatées, et aux nostalgiques qui savourent désormais leurs voyages plus confortables mais se souviennent très bien de leurs péripéties en sac à dos.

Quatrième de couverture : « Défier la routine, confronter ses peurs, rencontrer l’âme sœur, donner un sens à sa vie, célébrer la fin d’une époque ou le début d’une autre, dépenser l’argent qu’on n’a pas, oublier ses ratages et fuir ses déceptions : voilà autant de raisons d’enfiler son sac à dos et de partir à l’autre bout de la planète pour voir si on y est.

Mais s’il y a une leçon à retirer des quatorze récits de voyage que renferme Avec pas une cenne, c’est que peu importe ce qu’on cherchait en partant à l’étranger, on risque de ne jamais le trouver, car rares sont les périples où tout se déroule comme prévu – surtout quand on est obligé de dormir dans des lieux louches, faute d’un budget adéquat pour se payer une chambre d’hôtel qui a de l’allure.

Et la deuxième leçon pourrait être celle-ci : “Tant qu’à trébucher, aussi bien le faire avec panache.” »

Sortie : Mars 2019

Combien : 24,95 $ (aussi disponible en format ePub et PDF)

(Note : Mon exemplaire du livre est resté en Australie, alors ce texte est basé sur mes souvenirs de lecture, avec seulement quelques photos comme aide-mémoire.)

À lire également :

• Ma chronique sur Le mystère du petit chat qui portait bonheur de Lise Giguère sur Avenues.ca

Que reste-t-il de nos voyages ?, 23 septembre 2019

20 livres à offrir à des voyageurs, 24 novembre 2018

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1 commentaire

  • Répondre Un couple dans le van: pérégrinations américaines - Taxi-Brousse 11 novembre 2019 - 21 h 42 min

    […] • Avec pas une cenne : histoires de voyageurs (plus ou moins) fauchés […]

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