J’ai longtemps écrit en pleurant. D’abord de la poésie, mon obsession entre 14 et 19 ans. Puis, de grands trucs existentiels et des histoires beaucoup trop intimes. Pour l’ado et la jeune adulte que j’étais, l’écriture, c’était du sérieux. Et forcément un brin dramatique.
À l’époque où je signais, la plume beaucoup plus légère, des reportages pour des magazines, on m’a approchée pour faire de la littérature dite « féminine » (ou chick lit, si vous préférez). Après tout, n’était-ce pas ce que je faisais déjà un peu ? C’était à l’époque où le genre explosait au Québec. Je trouvais que celles qui occupaient le créneau faisaient de l’excellent boulot et j’étais trop collée sur les thématiques qui auraient pu m’inspirer de bonnes histoires pour écrire librement.
Et puis, je l’avoue, j’étais terrorisée autant par les étiquettes que par l’ampleur de la tâche à accomplir. J’avais, à ce moment, un seul livre publié à mon actif, et une peur bleue d’être mise dans une case de laquelle je ne pourrais plus sortir.
Le déclencheur
Mon plus grand rêve a toujours été d’écrire des romans (et de vivre dans un autre siècle à Paris pour pondre des vers en buvant de l’absinthe avec mes idoles, mais c’est un peu moins possible, mettons*). Mais pas avant d’avoir vécu un peu.
Le temps a passé. J’ai pris un virage 100% voyage (ou presque). J’ai publié pas mal de livres en tous genres, tous liés au voyage, sauf Mama Cool, série de chroniques humoristiques sur la maternité, et la série Lily Têtue, mais toujours pas de roman pour les grands. Certains ont connu beaucoup de succès (comme Le voyage pour les filles qui ont peur de tout, coécrit avec Ariane Arpin-Delorme), et d’autres, beaucoup moins (j’aurais tant aimé que mon récit Cartes postales du Canada, qui a une place particulière dans mon coeur, touche plus de lecteurs !).
Un jour, alors que j’étais en train de me demander comment j’arriverais à passer à travers ma « to do list », je réponds à mon cell (je ne réponds JAMAIS au téléphone – je coupe le son 90% du temps et ne remarque jamais quand quelqu’un appelle).
– Salut Marie-Julie ! On veut faire un tome sur les voyages en sac à dos dans la collection Histoires de filles et on a pensé à toi…
C’était Ingrid des éditions Goélette, où j’ai publié mes albums pour enfants, il y a une dizaine d’années.
– Je n’ai pas le temps, mais ça me tente trop pour te dire non. Faut quand même que je valide un ou deux trucs avant de te dire oui, par contre…
J’ai décidé de plonger, inspirée par la thématique, mais complètement paniquée. Écrire 20 000 mots avec du concret, pas de problème. Mais 20 000 mots en moins de trois mois à partir de rien, alors que je dois continuer à gagner ma vie en même temps ? OUF.
Mon premier roman
Les faits, pour quelqu’un qui a passionnément aimé le journalisme, sont rassurants. Mais il y a plus… Comment arriver à être à la hauteur d’un projet qu’on a si longtemps rangé dans un coin de sa tête en disant « un jour » ? En vieillissant, les grands rêves prennent encore plus d’expension et en viennent à faire aussi peur que les monstres qui se cachaient sous notre lit, enfant.
Pourquoi y suis-je alors arrivée cette fois-ci ? D’abord parce que je n’ai pas trop réfléchi. De toute façon, je n’en avais pas le temps ! À cause du format, aussi. La montagne m’apparaissait franchissable, puisque je pouvais apercevoir le sommet dès le départ. Et puis, avoir un thème permet d’avoir des balises (que je perçois comme des bouées plutôt que des contraintes, personnellement). J’ai, de plus, imaginé une héroïne avec qui je n’ai rien en commun, à part la couleur des chaussures de course et du sac à dos (acheté une fois mon histoire terminée, pour l’anecdote). Quel sentiment de liberté de ne pas être soi ! Le fait d’avoir deux «colocs» de livre m’a également enlevé une pression ÉNORME. La date de remise étant très proche, je n’ai pas eu le temps non plus d’enculer des mouches, ces pauvres bêtes que j’ai beaucoup trop torturées dans ma vie.
Bref, je suis très contente de ne pas avoir écouté la voix de la raison, qui m’a fait entrevoir le précipice dans lequel je m’apprêtais à me jeter les heures après avoir dit oui.
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[…] découvert Marie-Julie Gagnon en lisant son livre Histoires de filles en sac à dos et c’est vraiment une fille qui me donne envie de voyager dans […]
[…] découvert Marie-Julie Gagnon en lisant son livre Histoires de filles en sac à dos et c’est vraiment une fille qui me donne envie de voyager dans […]
[…] Mes escales à Saguenay et Rimouski m’ont donné raison. J’y ai eu tant de discussions enrichissantes avec des lecteurs, mais aussi d’autres auteurs! Renouer avec cet univers me ramène peu à peu à l’essentiel. C’est sur les routes du monde que j’ai le plus appris, mais devant mon clavier que j’ai le mieux compris. Si vous êtes à Montréal entre le 20 et le 25 novembre, passez me voir au kiosque 602. Je serai aussi à celui des Éditions Goélette le jeudi 21 novembre de 18h30 à 19h45 pour Histoires de filles en sac à dos. […]