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Abou Dhabi: à la recherche du passé

24 avril 2014

Abou Dhabi

Il aura fallu que je rencontre une chercheuse allemande pour ressentir le grand frisson. Celui pour lequel je voyage.

Mes premières 24 heures à Abou Dhabi m’avaient laissée perplexe. Pourquoi n’avais-je rien ressenti en découvrant la Mosquée Sheikh Zayed, chef d’oeuvre architectural inauguré en 2007 (que vous pouvez aussi visiter grâce à Google Street View)? Pourquoi ma promenade dans le désert ne m’avait-elle pas fait pousser de grands «oh!» et de grand «ah!» comme je l’anticipais? Au-delà des buildings et des projets grandioses, où se cache l’âme du plus grand des sept émirats?

J’avais l’impression de me retrouver dans un lieu fabriqué (c’est un peu le cas, remarquez: Abou Dhabi n’existait pas il y a 43 ans!). Un monde où il est fort agréable de se lover dans des hôtels-écrins tous plus fabuleux les uns que les autres, certes, mais loin de celui des plongeurs de perles de jadis. Où trouver des traces d’histoire? Comment peut-on, alors que tout le monde parle constamment d’avenir, construire sans regarder derrière?

Je ne comprenais pas.

Je ne «ressentais» pas.

Abou Dhabi

Abou Dhabi

La Grande Mosquée – première escale de mon séjour – me rappelait ces jeunes top-modèles qu’on voit dans les magazines: d’une photogénie extraordinaire, mais sans vécu au fond des yeux. Un jour, ces mêmes yeux refléteront la somme des histoires accumulées au fil des ans. LEUR histoire. Mais pour le moment, on remarque surtout la perfection de la façade.

La seule mosquée d’Abou Dhabi accessible aux non-musulmans, qui porte le nom du fondateur de la fédération des Émirats arabes unis, a ouvert ses portes au public en 2007. L’enterrement de Sheikh Zayed est la première cérémonie qui y a eu lieu. Celui qu’on surnommait «le sage des Arabes» a codirigé le pays de sa création en décembre 1971 jusqu’à sa mort en 2004.

Deux jours après ma visite, je fais la connaissance de Margrit Gabriele Muller, directrice de l’Hôpital des faucons d’Abou Dhabi. Ma curiosité se transforme rapidement en fascination. On ne peut faire autrement: cette femme parle des faucons avec une telle passion! Surtout, elle explique merveilleusement bien la place qu’ils occupent dans la société et leur importance au fil du temps.  L’une des plus célèbres photographies de Sheikh Zayed est d’ailleurs celle avec son faucon.

Abou Dhabi

Margrit Gabriele Muller

«Nous ne parlons pas d’oiseaux, nous parlons des enfants des Bédouins», a-t-elle répété.

Voilà le lien que je cherchais depuis deux jours. Représentant elle-même l’émirat d’aujourd’hui, composé à 80% d’expatriés, la sympathique scientifique m’a permis de tomber peu à peu amoureuse de cette culture qui m’échappait jusque là.

N’ayant pas d’équipe de télé sous la main (!), j’ai dégainé mon iPhone. Il me semblait impossible de revenir sans rapporter avec moi la fougue de cette femme sur vidéo.

J’ai rarement autant lu sur une destination après un retour. Je veux maintenant tout savoir sur les pêcheurs de perles. Plonger plus profondément au coeur du désert (mon tour de chameau de 5 minutes ne m’a pas rassasiée). Avoir de vraies discussions avec des Émiratis.

J’ai envie de marcher pieds nus dans le sable (il faisait frais, en février!) et de me baigner dans cette eau, le point de départ d’Abou Dhabi, en fait. C’est vers 1760, que des Bédouins ont découvert une réserve d’eau sur l’île. Ainsi est né un village, qui deviendra la capitale des Bani Yas en 1793.

Rare vestige de cette époque, le Fort Qasr al-Hosn, construit pour protéger la source d’eau, est accessible aux visiteurs depuis 1980. Palais officiel des al Nahyan jusqu’en 1966, il se trouve près de l’Adia Tower. Là où jadis les Bédouins ont érigé leur village, se trouve une promenade de plusieurs kilomètres bordée par cafés, boutiques, jardins, mosquées et autres buildings. Et oui, les centres commerciaux sont aussi populaires qu’on le dit (non, je ne suis pas allée vérifier moi-même).

Comme je l’ai évoqué dans mon reportage du Huffington Post, l’avenir est beaucoup plus présent que le passé à Abou Dhabi. Le Louvre et le Guggenheim sur une même île? Ce sera chose faite d’ici 2017 (sur l’île Saadiyat, pour être plus précise). Après s’être enrichi avec le pétrole, le gouvernement investi désormais dans le développement durable. Masdar, créée dans le but de devenir la première ville à empreinte carbone nulle au monde, m’a laissée une forte impression, mais peut-être pas pour les raisons évidentes. Oui, les innovations technologiques sont impressionnantes (trop cool, les podcars!). Mais ce sont surtout les leçons tirées du passé et intégrées au projet qui m’ont le plus marquée. Il y a des milliers d’années, les habitants de différentes contrées désertiques ont mis au point des systèmes de ventilation qui restent encore aujourd’hui les meilleures solutions. Même avec toute la technologie et l’argent du monde.

Peu avant de rentrer, j’ai bu un «camelccino» (cappuccino fait avec du lait de chamelle – ça se glisse très bien dans une conversation!) avec Glenn Johnston, vice-président des communications corporatives et directeur des relations publiques du Moyen-Orient, de l’Asie et de l’Australie des hôtels Jumeirah de Dubai et Abou Dhabi depuis six ans, et de quelques collègues. Devant mon désarroi de ne pas voir plus de traces de l’histoire, il répondra simplement: «Nous créons actuellement les futurs sites historiques.» Une petite phrase qui m’aidera à remettre les choses en perspective.

Je retournerai à Abou Dhabi. Parce que j’ai l’impression d’avoir raté trop d’épisodes en m’attardant surtout aux projets d’avenir. Mais aussi parce que cet avenir fera rapidement parti du passé.

P.S.: C’était ma première vidéo montée avec Final Cut Pro!!!!!!! J’ai toujours fait mes montages avec iMovie. Comme je n’avais pas d’ordinateur assez performant depuis deux-trois ans, j’avais dû mettre la vidéo de côté. Là, je compte bien m’amuser le plus souvent possible. 🙂

À lire également: Abou Dhabi: l’appel du futur (mon reportage dans Le Huffington Post) et Abou Dhabi: rien à voir avec Sex and the city 2! (Copines en cavale).

J’étais l’invitée d’Etihad Airways, qui propose un vol direct depuis Toronto. J’étais logé par St. Regis Abu Dhabi et  St. Regis Saadiyat Island. Toutes les opinions émises ici sont 100% les miennes.
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1 commentaire

  • Répondre Mystérieux Sultanat d'Oman - Taxi-Brousse 21 octobre 2015 - 9 h 39 min

    […] le filon touristique est de plus en plus exploité. On est encore loin de la folie de Dubaï et Abou Dhabi, villes vedettes du pays voisin, mais on y trouve tout de même un Tim Hortons depuis […]

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