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Lecture et chocolat

30 décembre 2012

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Note: ce billet a été rédigé le 22 décembre dernier.

C’est toujours un miracle quand on arrive à fermer la porte d’un clando. En plus d’être remplie à craquer, la voiture menace de tomber en morceaux dès qu’on la touche. Et puis, il faut arriver à l’enclencher, cette foutue porte. J’ai toujours l’impression qu’elle va se détacher du véhicule. Bang! Toujours ouverte. Re-bang! Elle ne résistera pas. Bang! Bang! Bang! On démarre.
À Ouaga, il y a une quinzaine d’années, je me rappelle avoir pu admirer le «paysage» par-dessous, grâce à une «fenêtre» qui m’offrait une vue imprenable sur le sol.
Les clandos de la Petite-Côte ne sont pas si mal en point – du moins, ceux dans lesquels je suis montée – mais ils donnent tout de même l’impression que leur carrière peut s’arrêter à tout moment.
Je viens de faire cinq boutiques dans deux villages avant d’arriver à trouver du chocolat. Le Saint Graal, je vous dis. Je n’ai pas eu autant de chance avec les romans, par contre. Ayant oublié les cinq livres posés près de mon sac à dos fait en catastrophe juste avant le départ, un seul rescapé a fait le voyage avec moi (étant déjà dans mon sac de cabine): Mais qu’est-ce que tu fais là tout seul, de Pierre Szawlovski. L’histoire de joueur de hockey… Vous imaginez? Moi qui déteste ce sport avec passion, coincée en Afrique avec seul compagnon imaginaire, un joueur de hockey, plutôt antipathique  de surcroît (du moins, a priori). J’ai tout de même refermé le livre avec le sourire, hier. Mais maintenant, plus rien. Il me faut trouver de quoi me mettre sous la dent! De lectrice sporadique dans le tourbillon du quotidien, je deviens carrément boulimique dès que le mot “vacances” n’est plus une illusion. J’enchaîne les livres comme d’autres les cigarettes, inhalant les histoires et chérissant le buzz procuré par mon vice.
Bien qu’il me tarde de dévorer tous les livres que j’avais sélectionnés en prévision de mon séjour africain, j’étais plutôt sédute par l’idée d’être «obligée» d’aller acheter des romans. C’est quelque chose que j’ai toujours adoré faire. Pénétrer dans une librairie inconnue, dans un pays étranger, et attendre qu’un livre m’interpelle. Les lieux n’ont pas toujours besoin de concorder; l’évasion dans l’évasion, j’aime aussi.
Me voici donc à Mbour, à hésiter entre deux livres destinés aux élèves du lycée (les seuls en vente, pour tout vous dire): un d’Aimé Césaire, auteur martiniquais dont j’aime déjà la poésie, et Une si longue lettre de Mariama Bâ, sénégalaise incontournable selon la quatrième de couverture. J’opte pour le second. J’entre dans une autre librairie, qui, comme la première, ne propose que des articles scolaires. Ici, Balzac m’attend en compagnie d’une écrivaine africaine dont j’ai oublié le nom. Non seulement les deux bouquins sont recouverts de poussière, mais les pages semblent déjà dévorées par le temps (et une quelconque bactérie mangeuse de mots). Je les laisse à leur triste sort, rongée par la culpabilité.
Et hop! Un autre clando, les bras chargés de chocolat, de biscuits, de friandises… Les transports en commun brinquebalants, l’absence d’eau chaude (et d’eau tout court une partie de la journée), passe encore. Je m’en tire pas trop mal sans ordi ni WiFi non plus. Mais pas de livres ni de chocolat? Il y a quand même des limites!

À lire également: Du coq à l’âne, 30 secondes à bord d’un clando et Noël au Sénégal.

MÀJ: En date d’aujourd’hui, 30 décembre, je n’ai toujours pas terminé Une si longue lettre, tout petit roman de 172 pages. C’est tout dire…

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