Une ville la nuit, c’est l’envers du décor. Le calme plat, ou, à l’inverse, le chaos. La vie ou la mort.
Je me souviendrai toujours de la noirceur de Ouagadougou, au Burkina Faso. Je ne crois pas, avant mon séjour là-bas, avoir vraiment vu la nuit. Dans certains quartiers, pas la moindre lueur. La vraie nuit noire. Inquiétante. Mystérieuse. Hypnotisante. Le phare de la mobylette sur laquelle j’avais pris place s’apparentait à une luciole égarée.
En contraste, les néons des mégapoles asiatiques ont ébloui la noctambule que je suis quelques années plus tard. Coincée à Taipei une nuit entière à cause d’un train manqué, je me suis baladée dans les rues désertes de cette ville si agitée pendant la journée. La sonnerie du 7 Eleven chaque fois qu’un quidam franchissait son seuil. Les rues nettoyées à grands jets d’eau. Un café Internet rempli d’assassins virtuels. Le son des premiers chariots-restaurants, au petit matin…. Des lumières partout.
Tente-t-on «d’effacer» la noirceur en la barbouillant ainsi? De la noyer dans un océan de couleurs vives? De la coiffer d’un nimbe rassurant?
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