– La neige! La neige! Youppi! Youppi!
Elle irradiait de bonheur. Les yeux écarquillés, le sourire fendu jusqu’aux oreilles et la même ritournelle, en boucle :
– La neige! La neige! Youppi! Youppi!

Tel Tom Cruise sur le sofa d’Oprah, elle trépignait sur la causeuse sans quitter le paysage des yeux. Rien, à cet instant précis, n’aurait pu la distraire de sa contemplation.

– La neige! La neige! Youppi! Youppi!

Puis, histoire d’avoir une perspective différente de la scène, elle s’est mise à gambader d’une fenêtre à l’autre. Pas question de détacher son regard des flocons entassés sur les voitures, le trottoir, les toits… 
–  T’as vu maman? Le monsieur marche SUR LA NEIGE!!!
Une toute petite seconde, elle a tourné le dos à la scène pour me regarder. Et c’est là, paf! que je me suis retrouvée en larmes dans mon salon.

J’ai oublié mes bottes, mon horreur du froid, de la neige qui se change en gadoue, qui se change en glace, qui se change en bouette… J’ai oublié mon envie de fuir sous les Tropiques dès que la rosée se transforme en givre (et même avant), mon désir d’être ailleurs, n’importe où, pourvu qu’il fasse chaud et qu’on puisse vivre pieds nus.

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