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Marcher sur des oeufs

21 avril 2013
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Photo prise à Cormier plage, dans le nord du pays

Je reviens d’une semaine fantastique en Haïti, où j’ai pu avoir un aperçu des nouveaux forfaits lancés par Vacances Transat en début d’année. J’y ai rencontré des gens prêts à bosser dur pour que les voyageurs reviennent au pays. Des passionnés qui croient que le tourisme est l’une des clés du développement du pays.

J’ai plongé tête première dans cette culture à laquelle j’ai été initiée par les écrits des Dany Laferrière, Rodney Saint-Éloi et autres Gary Victor. J’ai craqué pour ses airs d’Afrique, ses tap-taps bigarrés, sa musique entraînante et ses peintres naïfs. J’ai pleuré en remontant le temps jusqu’à la période de l’esclavagisme. Crié de bonheur en goûtant mon premier morceau de douce cocoyer, friandise à base de noix de coco. Savouré au moins trois variétés différentes de mangues.

Je me suis baignée dans les eaux cristallines d’une île sans hôtels, me disant, moi, la diva au sang froid (je suis un lézard!), que la température était parfaite. Assez chaude en tout cas pour que j’y passe presque quatre heures consécutives, à peine interrompues par l’appel de la langouste «boucanée» (grillée sur le barbecue).

J’ai contemplé l’horizon depuis L’Observatoire de Boutilliers en me disant que j’aurais pu y passer une journée entière (c’était peut-être aussi à cause de la fabuleuse chiquetaille de harang et du chocolat chaud exquis). Frissonné malgré les 35 degrés en découvrant l’histoire du roi Christophe et sa folie des grandeurs lors de la visite du Palais Sans-Souci et de la citadelle.

Et pourtant, je n’ai jamais été aussi angoissée à l’idée d’écrire sur une destination.

J’ai l’impression que peu importe ce que je dirai, il y aura toujours quelqu’un pour rappeler la moindre ombre au tableau. D’un côté, les touristes effrayés par les images diffusées depuis des décennies. De l’autre, ceux qui dénoncent la corruption et critiquent le président Martelly.

Toute l’attention accordée à notre petit groupe pendant le séjour n’est pas non plus sans entraîner une certaine pression. Photographes, journalistes et caméramans nous ont suivi dans la plupart de nos déplacements. Nous étions attendus. Et les attentes ne sont pas disparues parce que nous avons quitté le pays.

Photo prise au Palais Sans-Souci et publiée sur la page Facebook de la  Direction Regionale Du Tourisme Du Nord.

Photo prise au Palais Sans-Souci et publiée sur la page Facebook de la Direction Regionale Du Tourisme Du Nord (je suis au centre, avec le t-shirt gris).

Je n’ai par ailleurs jamais rencontré autant de politiciens lors d’un voyage de presse (du président de la République à la Ministre du Tourisme, en passant par les maires de Pétion-Ville et du Cap-Haïtien). Ni eu à écrire d’un point de vue touristique sur un pays aussi controversé sur les plans politique et humanitaire. Un pays où tout est à bâtir.

Je n’ai aucune autre prétention que rapporter ce que j’ai vu, entendu et senti pendant cette (trop courte) semaine à sillonner le pays. Je n’ai pas le recul nécessaire pour livrer une analyse approfondie des situations politique, économique et sociale. Ce n’est pas non plus en sept petites journées que j’ai eu le temps de tirer des conclusions. Ce n’est pas mon rôle, de toute façon: moi, je cause voyage et tourisme. J’ai beau m’intéresser à l’histoire du pays, avoir lu des bouquins et des dizaines de reportages, cela ne fait pas de moi une spécialiste de la question haïtienne. Je suis bien sûr sensible au sort du peuple. Et à ce que le tourisme peut lui apporter (ou pas…). Les nuances sont primordiales. L’ouverture aussi.

Bien sûr, on nous en met plein la vue lors d’un voyage de presse. On déroule le tapis rouge. C’est le grand jeu de la séduction. Mais c’est ainsi partout. C’est à nous, journalistes (et/ou blogueurs, chroniqueurs…), de faire la part des choses. De tenter de départir les privilèges de la réalité. De brosser le portrait le plus juste possible tout en restant conscient de nos limites.

De tous les côtés, les gens ont des intérêts. Le fondement des critiques n’est pas toujours aussi noble qu’il n’y paraît à prime abord. Rien n’est simple…

Comme je l’écrivais sur Facebook à mon retour, oui, la pauvreté est visible en Haïti. Les problèmes ne disparaîtront pas comme par magie. Mais plus que jamais, je crois que le tourisme peut aider le pays à se développer.

Le potentiel est immense. Je le savais déjà: le voir de mes propres yeux n’a fait qu’amplifier mon désir de pousser l’exploration.

Le bonheur que j’ai ressenti en me baignant dans la mer ou en me baladant dans les montagnes n’a rien à voir avec le «pitch» de vente des différents intervenants de l’industrie. Ma fascination pour l’histoire du pays n’est pas le résultat d’une opération marketing. Les larmes qui ont roulé sur mes joues n’ont pas été commanditées par une quelconque compagnie.

S’il y a une chose que je sais, c’est que mes émotions, elles, sont bien réelles.

Si vous avez envie de lire mes reportages et billets sur le sujet, repassez par ici au cours des prochains jours. Visitez aussi EnTransit.ca et la section Voyage de MSN.ca. Je vous tiendrai également au courant de la publication des autres reportages.

À lire également: Par hasard… le président haïtien,  Haïti comme vous ne l’avez jamais vueForfaits de Transat en Haïti: les détailsDivins tap-tapsHaïti vous attendQuand la perle des Antilles s’effrite dans son écrinHaïti comme destination touristiquePourquoi je ne terminerai pas L’énigme du retour (sur le blogue de TV5).

Pour me suivre sur Twitter et Instagram: @Technomade.

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Aucun commentaire

  • Répondre Dan de Tricolore 21 avril 2013 - 23 h 44 min

    Excellent texte. En effet, ce ne doit pas être évident pour toi. Perso, je ne voyage plus dans ces pays pauvres; ils ne méritent pas mon argent. Je préfère donner mon argent à des pays qui le mérite. C’est un peu comme la nourriture, chacun à sa philosophie sur sa propre nutrition. C’est trop hypocrite pour moi d’aller me prélasser dans un pays dont je n’accepte pas comment il est géré.

    • Répondre Marie-Julie Gagnon 22 avril 2013 - 8 h 22 min

      Ne plus voyager dans «ces pays pauvres»? Je crois, au contraire, que le tourisme peut aider le peuple. Il faut seulement s’assurer où va notre argent (ce n’est pas toujours évident d’avoir de vraies réponses, mais au moins, être conscient de l’impact de nos choix). Personnellement, je retournerai en Haïti.

  • Répondre Joana 22 avril 2013 - 1 h 42 min

    Ce pays a l’air effectivement magnifique.

    Ca ne doit pas être facile de vouloir rester neutre quand on a été reçue comme une reine par un gouvernement à la politique plus que discutable… Dur travail, belle ambition mais… Enfin, j’attends de voir.

    Sinon, tu dis que “tu causes seulement voyage et tourisme”, oui mais ça n’empêche pas de voyager responsable et d’être conscient des impacts de son activité touristique. Je pense que c’est là tout l’enjeu du tourisme pour les prochaines années…

    Bref, bref, ton séjour m’interpelle et j’attends les prochains billets avec impatience 🙂

    • Répondre Marie-Julie Gagnon 22 avril 2013 - 8 h 23 min

      Je prépare un billet sur la manière dont on développe le tourisme en ce moment en Haïti. Ça répondra à certaines de tes questions. Sinon, il y a déjà trois textes sur EnTransit.ca. 🙂

  • Répondre Jack 22 avril 2013 - 4 h 04 min

    Le lundi matin, c’est tellement dur de voir des photos de vacances. : )

  • Répondre Floriane 22 avril 2013 - 9 h 39 min

    C’est sûr que c’est une jolie destination qui mérite bien qu’on la découvre mais la médiatisation de cette ile d’Haïti ne donne pas vraiment envie à cause de toutes les catastrophes de ces dernières années. En espérant qu’ils arrivent à surmonter ça et que le tourisme puisse apporter du positif c’est ce qu’on peut leur souhaiter

  • Répondre Nathalie Vallée 22 avril 2013 - 22 h 08 min

    Te dire comment ton billet me touche. Haïti, c’est le pays de ma grande fille de 6 ans. Dire que j’aime Haïti d’amour, ce n’est pas assez gros!;) J’y suis allée avant le séisme, j’y suis allée après le séisme et j’y retournerai encore et encore, qu’il y ait des forfaits ou non. J’y retournerai pour ma fille, pour les amis que j’y ai maintenant (dont le maire de Pétion-ville, qui est une bonne amie!:)), mais aussi pour les paysages, pour les gens tellement accueillants et fiers de leur petit marché, lopin de terre, école, etc. Si mon action, permet, par le fait même, de “rebâtir” un peu le tourisme en Haïti, eh bien, tant mieux!

    • Répondre Marie-Julie Gagnon 22 avril 2013 - 23 h 09 min

      Et te dire comment ton commentaire me touche… 🙂 Merci. Moi aussi, je retournerai en Haïti.

  • Répondre flavio1982 26 avril 2013 - 6 h 49 min

    Marie-Julie en lisant ton billet je me suis remémoré de beaux souvenirs de voyage en Haïti! Au mois de mars j’y étais avec 25 autres collègues pour découvrir cette merveilleuse destination avec Vacances Transat. J’ai été agréablement surpris du travail d’arrache-pieds que le gouvernement Martelly (qu’on soit d’accord ou non avec lui) fait pour développer le tourisme dans leur île. Comme tu le dis si bien, c’est vrai qu’il y a la pauvreté, et on s’en cachera pas que c’est choquant et déroutant parfois… mais OH combien ils sont Fiers de leur pays et de leur culture! J’ai encore les rythmes endiablés de RAM dans ma tête, je garderais pour toujours en souvenir le visage des écoliers lors de notre randonnée dans les montagnes du Matheux… et que dire des îlets Arcadins, un oasis de pure beauté! Je suis tombé en amour avec cette île et son peuple si chaleureux! Comme le dit si bien leur slogan: Haïti, Se la pouw’la!!! Il faut vivre l’expérience! En tant qu’agent de voyage , je te dit merci Marie-Julie pour tes billets toujours aussi pertinents! Tu me fais apprécier encore plus mon métier! Longue vie a Taxi Brousse! 🙂

    • Répondre Marie-Julie Gagnon 26 avril 2013 - 7 h 11 min

      Merci beaucoup! Et je suis 100% d’accord avec toi pour les efforts de promotion touristique, pour la fierté du peuple… et les rythmes endiablés de RAM! 😀

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