Réflexions

Exotisme

31 août 2008

Krabi, Thaïlande, 2001

 

J’envie beaucoup ceux qui prennent plaisir à contempler leur coin de pays. Qui consacrent leurs vacances à faire le tour des régions du Québec, les connaissent et les apprécient sincèrement. Qui arrivent à se baigner dans l’eau glaciale de nos lacs. À trouver poétique un coucher de soleil dans un cadre qu’ils ont vu des milliers fois. 

 

Je ne sais pas si c’est à cause de mon obstination à ne pas vouloir de permis de conduire (donc impossible pour moi de prendre la poudre d’escampette sur un coup de tête pour la campagne), de mon enfance passée dans le fond d’un rang, au Lac-St-Jean, ou une simple question de personnalité, mais j’ai constamment besoin de dépaysement. D’être secouée. Bouleversée. Amusée. Étonnée. 

 

Comme au ciné, j’aime qu’une destination me prenne par surprise, balançant tous mes a priori par-dessus bord. Penser avoir deviné la fin mais que de nouvelles cartes viennent brouiller les pistes. J’aime ne pas comprendre. Remettre en question mes acquis. Chercher. Me perdre pour mieux me retrouver. L’inconnu, voilà ce qui m’excite. Bondir hors du cadre et trouver mon propre chemin. Aller à la rencontre de l’autre si j’en ai envie. Faire de la solitude ma compagne de route dans le cas contraire. Aimer souvent; détester, parfois. Être face à la différence et constater la mienne. On voyage pour s’emplir les yeux, mais aussi pour les tourner vers soi-même (cliché vieux comme le monde, mais aussi une grande vérité).

 

J’aime l’exotisme de la même manière que je regarde un film de Fernando Meirelles. Pour l’émotion à l’état brut. La quête d’authenticité. M’attacher aux personnages. Partager leurs combats. Les porter en moi des années, une vie. Ne pas oublier. 

 

J’aime l’exotisme pour la dose constante de petits et de grands chocs. De petits «oh» et de grands «ah». La mer, la chaleur, les villes. Le soleil de plomb. La moiteur. L’harmattan. Les averses qui s’amènent sans prévenir. 

 

J’aime l’exotisme à cause du feu qu’il avive en moi. Des petites étincelles qui s’embrasent à son contact. De l’impossible qui n’existe plus. Des barrières qui tombent. Des larmes, des éclats de rire, de la peur parfois.

 

L’exotisme parce qu’il est relatif. Qu’il décroît avec l’usage et nous force à tout recommencer à zéro. À aller voir ailleurs. Là où on a jamais mis les pieds.

 

J’envie ceux qui arrivent à se contenter du même paysage parce qu’ils parviennent à trouver une certaine paix. Comme l’eau d’un lac. En même temps, je ne saurais pas comment vivre sans ces marées qui montent et descendent en moi…

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Aucun commentaire

  • Répondre Corinne Bourbeillon 31 août 2008 - 21 h 32 min

    Quel beau post!!!

    J’ai mon permis de conduire, mais l’exotisme me fait le même genre d’effet… Je crois que c’est tout bonnement une question de personnalité!
    😉

    En ce qui me concerne, cependant, je ne parviens pas à envier ceux qui arrivent à se contenter du même paysage. Ni ceux qui me disent: «Pas la peine d’aller si loin, on a tout ce qu’il faut ici…» Ben non. Pas moi. J’ai besoin de bouger, d’aller voir ailleurs.

    Ça me semble même presque vital de changer d’horizon, pour respirer un autre air, voir d’autres gens, entendre d’autres langues. De quitter le connu pour l’inédit, le familier pour l’imprévu.

    Oui, vraiment, l’exotisme, c’est le truc le plus stimulant que je connaisse au monde. Quand je suis ailleurs, je me sens plus vivante.

  • Répondre Marie-Julie Gagnon 31 août 2008 - 23 h 32 min

    Je les envie dans la mesure où j’aimerais me sentir aussi vivante ici, alors que je trouve toujours tout un peu fade… Ce besoin constant de voir du pays pour se sentir vivant peut aussi être épuisant. Surtout quand on a mari, bébé, hypothèque et comptes à payer. Il faut trouver sa propre liberté à l’intérieur de soi et ce n’est pas aussi facile qu’en prenant la route!

    De là le besoin de mettre des mots sur tout ça… 🙂

  • Répondre Julie B 1 septembre 2008 - 18 h 37 min

    C’est drôle comment on est jamais content de ce qu’on a…

    J’ai jamais pris l’avion, le plus loin que j’ai été est Myrtle Beach (ou Chapais, selon la direction qu’on prend ;)) et je fais partie de ceux qui s’émerveillent encore de voir le Lac St-Jean quand on arrive de La Tuque, en haut de la côte proche de Chambord… Je pourrais passer là tous les jours et je pense que je trouverais ça aussi beau à chaque fois… et je trippe à aller au zoo à chaque été, et ça me convient…

    Moi, ce que j’envie, ce sont les gens qui sont capables de vivre dans une relative insécurité. Financière d’abord, quand ils sont ici, à prévoir leurs voyages. Et insécurité globale une fois en voyage…

    Un jour peut-être… mais pas trop loin! 😉

  • Répondre Marie l'urbaine 1 septembre 2008 - 23 h 20 min

    Eh bien moi, je suis une bibitte à 2 têtes. J’ai PROFONDÉMENT besoin de me retrouver dans les endroits les plus exotiques du monde (sur notre liste de prochaines destinations – on verra, avec le petit, hen ! – il y a la Mongolie, le Yémen et l’Antartique…). ET j’ai PROFONDÉMENT besoin de me poser au chalet, au bord de l’eau, à faire de la poopotte et à m’extasier sur le coucher de soleil !
    LES DEUX me sont nécessaires !
    Et pour le porte-feuille… c’est un casse-tête, car se payer les 2 !!!!!
    🙂

  • Répondre Zoé 2 septembre 2008 - 17 h 57 min

    Wow c’est si bien dit dans ce post 😉

    mais moi j’aime bien mon beau lac st-jean aussi! mais la presentement les rocheuses wow elles sont a couper le soufle… et plus tard j’irai surement voir d’autre pays… ce n’est qu’un debut pour moi 😉

    Les voyages c est de famille je crois! hein cousine! Xx

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