Canada Réflexions

St-Félicien version 2.0

18 juillet 2008

Il change, mon vieux patelin. Moi qui me plains depuis des années de l’absence de variété, voilà qu’on trouve un endroit où l’on sert du sushi, une microbrasserie et un café baptisé L’AssociéT, où l’on peut boire des lattés dignes de ce nom et du café équitable. J’y suis d’ailleurs en ce moment pour écrire ces quelques lignes (oui, ils ont Internet sans fil! Plus besoin de me promener dans la ville pour squatter les connexions non-sécurisées afin d’envoyer mes textes pendant mes passages dans la région) en compagnie de mon homme, pendant que Grand-Papa et Grand-Maman sont au zoo avec Bébé (je prends une petite pause entre la rédaction de ma chronique hebdo Mama Cool et de celles du Tour du Canada en 31 jours – que nous avons conclus ici avant-hier).

 

Voici un aperçu des lieux.

 

Audrey Girard, l’une des employées

Il y a même quelques jouets pour les enfants

Les meubles sont tous recyclés 

Joseph, bien concentré

 

J’ai quitté St-Félicien à l’âge de 16 ans. La raison officielle: aller poursuivre mes études à Jonquière. En réalité, je rêvais de ce jour depuis que, toute petite, j’avais vu Cannelle, Pruneau, Ti-Brin et Doualé jouer dans une ruelle. J’aimais l’idée de côtoyer la différence (ah oui? Ça existe, des gens à la peau noire?) mais surtout, d’avoir des choix. Chaque fois que je regardais les compétitions de gymnastique aux Jeux Olympiques, enfant, je disais à ma mère combien j’aimerais pouvoir essayer cette discipline moi aussi. Je voulais suivre des cours de ceci, de cela, mais aucun d’entre eux n’étaient offerts dans mon coin de pays. Je m’ennuyais ferme, moi qui était beaucoup plus intéressée par la vie culturelle que par la nature et les grands espaces. La métropole me fascinait. Elle me fascine toujours. 

 

Au fil de mes (souvent brèves) escapades dans les parages, j’ai vu le visage de la ville de mon enfance vieillir un peu, mais ses traits demeuraient les mêmes. Je n’ai jamais su si je trouvais cela inquiétant ou rassurant. Depuis quelques mois, j’ai cependant l’impression qu’elle prend un coup de jeune. Peut-être est-ce à cause d’initiatives comme Portes ouvertes sur le Lac, organisme fondé par des gens qui ont à coeur le développement régionnal (notamment par mon ex-prof devenue amie, Marie Fillion), qui aide des immigrants à venir s’installer au Lac-St-Jean? De Démokratia, qui permet aux jeunes de s’impliquer dans la vie politique? Sans doute. Mais c’est aussi parce que la jeune génération a décidé de prendre les choses en main et d’amener un peu d’eau à un moulin presque asséché.

 

Le café L’AssociéT en est un bon exemple. Le propriétaire, Jean-Luc Boily (qui a quelques siècles de moins que moi, alors je ne l’ai jamais rencontré malgré la petitesse de la ville), a voulu en faire un lieu où les gens se sentiraient comme chez eux. C’est réussi. 

 

Comme le Café Cambio à Chicoutimi ou La Boîte à bleuets, à Alma, l’endroit se veut une espèce d’incubateur à idées. Les meubles proviennent d’un organisme qui amasse des fonds pour la sauvegarde de l’Église de St-Méthode, localité voisine de St-Félicien. La consommation responsable y est mise de l’avant. On privilégie les ingrédients régionaux, biologiques et équitables. Le propriétaire espère par ailleurs que des gens y développeront des projets liés à l’environnement (voir article de L’Étoile du Lac). On y présente des spectacles et divers événements. Bref, ça bouge et ça fait un bien fou. 

 

Je me sens soudainement un peu moins loin de Montréal. Reste maintenant à convaincre la population de venir boire leur café ici plutôt que chez Mikes…

 

Précision 13 septembre 2008: paraîtrait que le sushi n’ait pas fait fureur à St-Félicien… Le resto qui en vendait a cessé de le faire!

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Aucun commentaire

  • Répondre Cecile Gladel 18 juillet 2008 - 14 h 14 min

    Le café Cambio ! Super. Je l’ai découvert lors d’un voyage de presse dans le parc des Monts-Valins en janvier dernier.

  • Répondre Marie l'urbaine 18 juillet 2008 - 23 h 14 min

    J’aime beaucoup comment tu oses parler de tes impressions et expériences de jeunesse sur ton village natal. Tu oses dire des choses comme peu de gens que je connais y arrivent !

    C’est drôle car j’ai une antenne “recherche une machine de café expresso” tendue au-dessus de ma tête partout où je vais. Mautadit que je suis déçue quand un bled ne sert que du café filtre. J’en apporterais une, de machine, sur une île déserte, en tous cas ! Tout comme tu en as acheté une à Taïwan (j’ai lu ton livre, plus de doutes 🙂 ) Quant à l’AssociéT, ça y est, j’irai en route vers le zoo, un de ces 4 ! Surtout si le café est équitable ! 🙂

  • Répondre Marie-Julie Gagnon 19 juillet 2008 - 9 h 51 min

    Avec le recul, je suis contente d’être née dans une petite place. Je n’aurais peut-être pas eu la «drive» que j’ai en ayant accès à tout comme je le souhaitais. Pour moi, dès l’enfance, il était clair que je devais bouger. Je n’en ai jamais douté. J’ai toujours dû aller chercher ce que je voulais, contrairement à d’autres qui ont eu tout cuit dans le bec.

    J’ai longtemps oscillé entre la fierté et la honte par rapport à mes origines campagnardes (ça vient d’un paquet de trucs). Aujourd’hui, j’assume complètement mon côté «bleuet». Par contre, je ne peux pas dire que je me «sens» jeannoise. Mais je ne peux pas dire que je me «sens» québécoise non plus… Mon identité est un amalgame de mes «chez nous» et le Lac-St-Jean en fait partie, tout simplement. J’accepte mieux le fait de ne pas m’identifier complètement à UNE culture à 33 ans qu’à 25, disons. Je suis une «nomade identitaire»! Hi! Hi! Hi! J’imagine que tu dois comprendre un peu ce que je veux dire, non? 😉

    Pour ce qui est de la machine à espresso, si j’habitais Taïwan aujourd’hui, je n’aurais pas besoin d’en acheter puisque des cafés (surtout des Starbucks) ont poussé à tous les coins de rues!

  • Répondre Milou 20 juillet 2008 - 12 h 43 min

    Tu me donnes envie de retourner voir le coin de notre “jeunesse”. Faudrait qu’on s’y croise un jour 😛
    je suis contente d’en apprendre sur les belles initiatives des gens du coin. Ce qui est bien là-bas, c’est qu’il y a encore beaucoup de place pour l’inventivité, les défis,
    Ça me rappelle tous les projets mijotés par quelques ados, jadis:)
    Et dis bonjour à ta mère et ton père 😉

  • Répondre Epicure 27 juillet 2008 - 17 h 43 min

    Puis-je préciser à Marie l’urbaine que malgré les apparences, St-Félicien est bien une ville et non un “village”… 😉

    Merci Marie-Julie de montrer cette facette de St-Félicien que je ne connais pas encore (ma dernière visite remonte à septembre dernier). Une micro-brasserie? Un café avec internet sans fil? Wow!

    Moi aussi je suis une ex-félicinoise qui s’assume et ça me fait plaisir de voir que des gens dynamiques mettent sur pied de tels projets. Ça me donne des envies de traverser le Parc!

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