Entrevues Livre

Les «Voyages d’une vie» d’Isabelle Marjorie

26 juin 2018

Après avoir pris part à l’aventure Testé et approuvé : le Québec en plus de 100 expériences extraordinaires, l’animatrice et chroniqueuse Isabelle Marjorie Tremblay vient de publier son premier livre en solo composé de 15 récits relatant des aventures fort variées, d’un séjour linguistique en Équateur à une virée en Suède en famille, en passant par une croisière en Europe. Cinq questions pour savoir ce qui l’anime, alors qu’elle s’apprête à sillonner les routes californienne avec la marmaille.

1- Pourquoi avoir eu envie de faire un livre rassemblant tes Voyages d’une vie maintenant ?

Hum, bonne question… Il paraît que j’ai dit en 5e année, « moi je veux écrire un livre » ! J’avais cela en tête, dans mon inconscient, depuis 30 ans… sans trop y penser.
Au fil des années, au fil des chroniques et articles, j’ai réalisé que j’avais tellement d’expériences de voyages à partager ! Parfois, lors des six minutes de mes chroniques, je n’arrive pas à tout dire, et je me fais dire : « on aurait aimé t’entendre encore plus » et je suis un peu déçue aussi ! L’écrit permet d’en dire plus..  C’est moins contraignant et c’est plus créatif. J’ai besoin de projets créatifs… Et j’avais envie d’un livre plus introspectif, avec des réflexions personnelles sur ce que les voyages m’apportent. Je n’aurais pas pu aller dans cette profondeur après un ou deux voyages. Après 40 pays visités et plus, oui ! (Je n’ai pas vraiment, compté hi hi!)

Isabelle Marjorie au Costa Rica

2- Parmi les différentes manières de voyager testées au fil des ans, laquelle se rapproche le plus de ta vision idéale du voyage et pourquoi ?

En mon for intérieur, j’ai de grands idéaux : un tourisme plus responsable, moins polluant, qui favorise la rencontre et l’ouverture, mais je trouve que la « machine » du voyage ne tourne pas en ce sens… J’essaie quand même d’aller dans des petits hôtels tenus par des locaux quand c’est possible et de me déplacer à vélo, d’aller où les locaux sont ! D’encourager les petites agences. J’ai la fibre aventurière forte, et je suis très très curieuse de voir comment les gens vivent… Mais parfois, je me laisse tenter par quelques jours sur la plage, seule avec moi même ou mes proches… pas loin des gros hôtels. Cela dit, ce que propose Village Monde par exemple, est tout à fait dans mes cordes.

Isabelle Marjorie Tremblay

3- On dit souvent que le voyage nous transforme. Quel choc, moment ou rencontre a eu le plus grand impact sur la personne que tu es devenue ?

Mon voyage au Mali a été marquant. C’était la début vingtaine, pour cinq mois, en immersion en plus et sans connexion internet. Tellement déstabilisant ! À cette époque, je me posais beaucoup de questions sur notre mode de vie occidental, matérialiste, le suicide, et la solitude vécue par plusieurs personnes en Occident, notamment les personnes âgées. Je voyais des gens qui vivent dans le luxe, mais qui avaient l’air si triste.
Arrivée au Mali : un des pays les plus pauvre au monde, j’y ai vu des enfants joyeux, des gens rieurs, généreux, des grandes familles, avec la main sur le coeur et j’ai été renversée. L’importance de la communauté est forte… La musique, la danse, c’était magique. Le bonheur ne se définit certainement pas selon la grandeur de notre maison et les marques de nos vêtements ! Je l’ai bien vu dans ce pays où le suicide n’existe pas….
Je suis restée cette fille de 22 ans, un peu en réaction, un peu rebelle : je suis bien nord-américaine, c’est vrai, mais je consomme très peu, j’achète presque pas de vêtements, je n’aime pas magasiner, je cherche les contacts humains, les émotions, les échanges … J’ai besoin d’authenticité. Bien sûr, mes études à l’étranger (Paris par exemple) également, avec des étudiants de 15 pays différents dans ma classe m’ont ouverte sur le monde… J’ai réalisé qu’on peut se faire des amis partout  et trouver des alter ego, des âmes soeurs, dans toutes les cultures, et tous les pays. La couleur de la peau, le statut social, la religion, tout cela importe peu après tout. Et ces rencontres à l’étranger sont toujours plus intenses car elles sont éphémères et on ne sait pas quand on va revoir ces amis… 🙂
Mais chaque voyage m’apporte quelque chose : je me sens enrichie chaque fois.

Isabelle au Mali

4- Dans le chapitre sur la Suède, tu racontes avoir tout planifié, alors que tu avais davantage l’habitude d’improviser avant d’avoir des enfants. Maintenant qu’ils sont un peu plus grands, te permets-tu plus de latitude ? Qu’est-ce que ça change pour toi, de voyager avec tes enfants ?

Oui en effet, maintenant à 8 et 11 ans, je sens que c’est plus simple et je ne vais pas vérifier si les poussettes sont admises ou non, je n’en ai plus ! Yé !! Je vais quand même prendre le temps de lire un peu plus, les guides et les sites web, mais sans tout réserver à l’avance et laisser de la flexibilité. Pour l’hébergement, je vais m’y prendre à avance par contre : je ne veux pas me retrouver à dormir dans un parc avec mes enfants !  L’an passé, nous cherchions un petit hôtel à minuit, en voiture, dans la forêt reculée du Nouveau-Brunswick, et les enfants étaient mal à tenter de dormir dans l’auto, ça chialait et on était claqués… Là, je m’en suis voulu de ne pas avoir réservée plus tôt ! On essaie d’éviter les moments désagréables.

Nous ferons un roadtrip en Californie cet été. À un mois du départ, on a rien planifié par contre, sauf le vol et la location de voiture.  Je fais confiance à la vie ! Mais je prends peut-être trop de risques ? Tout fini toujours par se régler, de toute façon.
Voyager avec des enfants, cela veut dire aller à des endroits où je n’irais pas nécessairement seule. Et pas question de faire deux semaines de parcs thématiques ! J’ai envie d’emmener mes enfants dans les univers que j’aime aussi : et pas seulement les suivre tout le temps ! Par exemple, les grands espaces, les trekking dans les parcs nationaux, les coins sauvages, les montagnes…Il est possible qu’ils n’aiment pas cela autant que moi (surtout si on marche beaucoup et qu’il fait chaud), mais je suis convaincue qu’ils garderont de magnifiques souvenirs, plus tard, de leurs aventures un peu folles avec maman-papa !

5- Qu’as-tu envie que les gens retiennent après avoir lu Voyages d’une vie ?

Pour moi, voyager n’est pas un luxe. C’est aussi important pour l’âme que de s’assoir et lire un livre dans sa cour. C’est aussi important que d’aller voir nos amis sur une terrasse et prendre une bière. Cela fait partie des éléments de la vie qui nourrissent l’être humain et lui permettent de devenir une meilleure personne, rien de moins… Il faut oser voyager autrement que par les « tout-inclus » et les plages. Ne pas avoir peur. Tout se passe bien dans 99.9% des cas (à mon avis). Le monde est tellement magnifique, il y a tant à voir, et une vie est insuffisante.
Quand je vois des chef d’oeuvres architecturaux ou des villages dans le désert : je me dis souvent : HA! j’aimerais que ma mère voit cela, j’aimerais que ma soeur voit cela, c’est si beau ! Cela vaut amplement la peine de remplir notre cochon 2$ par jour pour faire un beau voyage aux trois ans, c’est déjà super !

Voyages d’une vie, Éditions Trécarré, 29,95$

Vous pouvez suivre Isabelle Marjorie sur Facebook, Twitter et Instagram. Elle sera de retour à l’émission Marina Orsini à l’automne 2018, sur les ondes de Radio-Canada.

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1 commentaire

  • Répondre Annajo Janisz 9 octobre 2018 - 19 h 14 min

    Bonjour Marie-Julie,

    Merci à toi et à Isabelle Marjorie de nous avoir fait partager ce joli témoignage, dans lequel je me retrouve en tant que sérial-vadrouilleuse 😉

    “Tout fini toujours par se régler, de toute façon.” Si on faisait plus confiance à la vie, on s’en rendrait compte plus souvent. Le voyage nous aide à ouvrir les yeux, de tant de façons, sur tellement de choses.

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