Réflexions

En route vers le changement

2 janvier 2018

J’ai rédigé un long billet à la mi-décembre pour faire le point sur cette année étrange. J’ai choisi de ne pas le publier, du moins, pour le moment. J’ai plutôt décidé de rédiger un long texte pour accompagner une photo sur Instagram il y a quelques jours, que j’ai dû couper parce que j’avais dépassé le nombre de caractères permis. Je partage ici la version intégrale…

***

En relisant Foglia dans La Presse en fin d’année, j’ai réalisé à quel point son influence a été grande, à une époque où on ne la mesurait pas en « likes ». J’ai tellement rêvé de sa liberté, de sa tribune et de ne pas avoir à me soucier de vulgaires questions de fric pour en jouir !

À une époque où certains se disent libres malgré ou grâce à – c’est selon – des partenariats publicitaires, une évidence s’impose. Je ne suis ni Foglia, ni une Instagrameuse aux six zéros. J’ai le cul entre ces deux chaises qui semblent servir de décor permanent à bien des gens de ma génération, celle qu’on a affublé d’un « X » alors qu’on sait très bien qu’elle n’arrivera jamais à être sur « le sien ».

J’ai toute ma vie rêvé d’écriture, de voyage et de liberté. Mais peut-on vraiment être libre quand on doit cumuler toujours plus de contrats pour arriver à joindre les deux bouts ? Qu’on voit les salaires des pigistes diminuer, les conditions de travail s’amoindrir et la valeur de l’expérience avalée par la vague des clics et des claques à 100 000 abonnés et plus ?

À la fin de 2017, j’ai décidé d’arrêter de me battre contre le courant. Les médias traditionnels coupent partout. Ce métier que j’ai passionnément aimé n’existe plus. Du moins, le contexte pour le pratiquer dans le bonheur n’existe plus.

J’ai créé mon job de rêve au cours des 10 dernières années et savouré chaque seconde de cette vie d’exploration. J’aime plus que tout écrire et voir du pays et je n’arrêterai jamais de le faire, ne serait-ce que pour mes bouquins. Mais je refuse de me laisser diluer dans l’océan et de me vendre à rabais. Fuck les chiffres à tout prix, l’estie d’obsession du SEO, les obligations, les modes et l’uniformité !  Voir tous ces gens tenter de se démarquer et crier haut et fort leur unicité alors qu’ils font tous la même chose continue de me laisser perplexe. Heureusement, il y a des exceptions.

Ces « règles » ont toujours existé sous différentes formes dans les médias traditionnels, me direz-vous. Certes, mais c’est l’entreprise qu’on jaugeait alors, pas l’individu qui crée le contenu. Pas comme ça, en tout cas.

En 2018, si je pouvais vivre en faisant seulement deux ou trois chroniques par semaine pour un ou des médias, je ne me poserais pas ces questions. Mais la réalité est qu’il faut tellement produire aujourd’hui pour arriver à tirer un revenu décent que j’en perds mon essence. Je manque de jus et je refuse de compenser par des saveurs artificielles.

Le poids des mots… et des titres

Et puis, il faut quand même que je le dise : pour une fille qui a été journaliste, rédactrice en chef, autrice, reporter et recherchiste télé, chroniqueuse pour différents médias et qui a publié une dizaines de livres, c’est un peu (pas mal) insultant de se faire constamment réduire au titre de « blogueuse ». Pas que ce n’est pas un boulot noble, mais m’accoler cette seule étiquette semble annihiler tout le reste, surtout que bloguer a, au cours de la dernière décennie, constitué un bien faible pourcentage de mes revenus !

Ironique comme réflexion de la part de quelqu’un qui a passé sa vie à vouloir s’affranchir de toute étiquette ? Oui, je sais. Mais je préfère encore porter plusieurs chapeaux qu’un seul qui me semble trop étroit.

Ce que je ferai en 2018 ? Aucune idée. J’ai amorcé une réflexion en profondeur il y a quelques mois, mais je n’ai pas encore de réponse. Chose certaine, je n’ai pas l’intention de jeter mes expériences des 23 dernières années par la fenêtre. Et je poursuivrai mes collaborations actuelles, où respect et plaisir vont de pair.

À long terme, je me vois de plus en plus intégrer une entreprise, même si l’idée de quitter mon linge mou quand il fait -1000 m’apparaît encore inconcevable. J’ai toujours détesté vigoureusement la partie « business » du travail autonome et il me pèse plus que jamais.

Alors que je profite à fond de mes (trop rares) vacances, je me fais la promesse de m’ouvrir à de nouveaux horizons professionnels. Je cherche un cadre propice à l’épanouissement plus qu’un défi, moi qui ai passé ma vie à les collectionner. Je ne sais pas encore précisément ce que je veux, mais très bien ce que je ne veux pas/plus.

Bref, à partir de maintenant, tout peut arriver !

P.S.: Comme je l’ai déjà dit, je continuerai aussi à alimenter Taxi-Brousse, que je considère toujours comme « mon ultime espace de liberté ».

P.P.S.: Ah! J’oubliais : bonne année !

Les coulisses de la vie d’une chroniqueuse voyage

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Tout ce que je déteste des blogues

 

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8 Commentaires

  • Répondre Curieuse Voyageuse 2 janvier 2018 - 10 h 43 min

    Coucou ma chère Marie-Ju!
    Bonne année et bon vent à toi, où qu’il te mène…
    Je te souhaite l’épanouissement que tu mérites (au niveau professionnel, mais aussi au niveau personnel!).
    Bisous bisous
    PS: “autrice” j’aime !

  • Répondre Bisnca @ La grande déroute 2 janvier 2018 - 17 h 15 min

    J’adore ces réflexions; même si elles incluent une part de raz-le-bol, elles offrent ine belle ouverture et transpirent le vrai.

    Je te souhaite une belle année 2018 remplie de ce qui te rendra heureuse professionnellement (et personnellement aussi, évidemment). 😉

  • Répondre Joelle | @elledit8 2 janvier 2018 - 18 h 20 min

    Meilleurs voeux Marie-Julie! Que 2018 t’apporte des réponses satisfaisantes à ta quête 😉 Profite bien du Sénégal et merci pour le partage! As usual …

  • Répondre Jet-lag-trips 3 janvier 2018 - 5 h 21 min

    Mon dieu que je te comprends et j’assiste impuissante aussi à la fin de ces média qui m’ont aussi fait grandir. Je te souhaite aussi une bonne année pour 201.. Courage

  • Répondre Antoine 3 janvier 2018 - 9 h 56 min

    Ton texte est très touchant. Je te souhaite de trouver le chemin que tu cherches.
    Bonne année !

  • Répondre Laurent 3 janvier 2018 - 16 h 21 min

    Bonne année Marie-Julie, et bon débroussaillage de nouveau chemin. Et quand la broussaille est trop grande pour passer, un taxi… brousse, ça rend toujours service 🙂

  • Répondre PELOUAS Annd 4 janvier 2018 - 12 h 11 min

    Merci de partager cette réflexion sur ta vie professionnelle et ses aléas. Je suis tellement d’accord avec toi. On se fait l’effet d’être de vraies girouettes parfois et ce n’est pas bon ! En tout cas, où que tu atterrisses en 2018, je te suivrai et je ne serai pas là seule ! Bonne année

  • Répondre Julie @ Julie lit au lit 9 janvier 2018 - 20 h 22 min

    Je te comprends tellement! Bonne réflexion! Et bonne année aussi 😉

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