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Bed-in pour la paix à Montréal

22 septembre 2017

Je vous écris ces quelques lignes assise sur un lit, en pleine Esplanade de Place Ville Marie. Au total, 40 lits arborant les affiches gagnantes d’un concours voient défiler les curieux. Il fait 23 degrés. Les notes du pianiste Martin Lizotte nous accompagnent. J’ai beau aimer voir du pays, en ce moment, je ne voudrais être nulle part ailleurs.

Partout dans le monde, c’est le chaos. Les ouragans dans les Antilles. Le tremblement de terre au Mexique. Les moussons dévastatrices en Asie. Les facéties de dirigeants qui ne font plus rire personne. Mais ici, en cet instant précis, on se sent dans une belle bulle rose. Les badauds défilent  tranquillement. Les gens des bureaux des environs profitent du beau temps pour manger à l’extérieur. Je fais comme eux, en contemplant ce tableau rempli d’humains souriants.

Le bed-in vu de la terrasse de l’hôtel Fairmont Reine-Élizabeth

Bed-in pour la paix, 21 septembre 2017

Derrière moi, un couple prend la pause sous le drap. Je les entends rigoler comme des enfants. « Hold hands, not gun », dit l’affiche sous laquelle ils se sont glissés. Clic !

Le rouge domine celle qui orne mon lit. On y aperçoit une sorte d’oiseau dont la croupe est une main humaine. Les doigts sont croisés, comme pour porter chance. Tout en haut, on peut lire le titre de la chanson composée par John Lennon lors du célèbre bed-in de 1969 : Give peace a chance.

L’une des images les plus frappantes

 

 

 

 

La Journée internationale de la paix constituait le prétexte idéal pour mettre en place ce genre d’événement. « En amenant les gens à s’étendre dans un lit et en dévoilant un concours d’affiches pour la paix, on veut vraiment les sensibiliser à ce qu’ils peuvent faire eux aussi dans leur quotidien », dit Philippe Demers, directeur général de MASSIVart.

Organisée par Sid Lee Collective et MASSIVart, l’exposition rassemblait des oeuvres d’artistes des quatre coins de la planète conçues pour rendre hommage au bed-in et réalisées dans le cadre d’un concours international lancé en août dernier. Ces mêmes affiches, qu’il est possible d’admirer sur le site Web Posters for peace / Affiches pour la paix, étaient aussi en vente en édition limitées.

Quand je me suis approchée du kiosque, j’ai rapidement constaté que je n’étais pas la seule à avoir craqué pour certaines créations. « Il n’y en avait que cinq affiches imprimées par oeuvre », m’a expliqué la vendeuse. Un beau succès ! Les profits de la vente des reprographies seront remis à l’organisme Amnistie internationale Canada francophone.

« C’est un partenariat entre Sid Lee Collective, Ivanhoé Cambridge et MASSIVart, explique Michael Di Staulo, gestionnaire relations publiques et communications chez Sid Lee. La genèse remonte au travail que nous avons fait avec MASSIVart pour la suite 1742. Nous avons eu envie d’amener le légendaire bed-in dans l’espace public. »

Le bed-in vu depuis la Suite 1742 du Fairmont Le Reine Elizabeth

La suite 1742 revampée

Juste avant d’aller prendre part au bed-in géant, j’ai eu l’occasion de visiter la suite 1742, devenue mythique à cause du passage de John Lennon et Yoko Ono en 1969 et qui a été entièrement rénovée.

Je l’ai déjà raconté dans le billet relatant ma nuit dans cette fabuleuse suite : à l’origine, l’événement ne devait pas se tenir à Montréal. John et Yoko se sont mariés le 20 mars 1969 à Gibraltar. Très médiatisé, leur mariage leur a permis de mettre de l’avant leur cause : la paix dans le monde.

Après avoir passé leur lune de miel dans la suite présidentielle du Hilton Amsterdam, ils ont souhaité faire un bed-in à New York, mais John ne pouvait pas y séjourner à cause de sa condamnation pour possession de cannabis l’année précédente. Ils décident alors de se rendre à l’hôtel Sheraton Oceanus, aux Bahamas. Seul hic : la chaleur ! Ils n’y restent qu’une seule nuit.

C’est à Montréal qu’ils accueilleront les journalistes au lit et composeront l’hymne Give peace a chance, enregistrée de façon très rudimentaire par le Québécois André Perry. La pièce a par la suite été remixée en studio.

Dans la peau de John 

Moi qui déteste les casques de réalité virtuelle, je me suis livrée à l’exercice sans rechigner cette fois-ci. Quand la technologie permet de voyager dans le temps, ma curiosité est piquée ! Encore plus quand il s’agit de revivre un événement aussi marquant.

En enfilant le casque et les écouteurs, on se retrouve à un moment entouré de micros, de caméras et de photographes, comme John et Yoko à l’époque. Être au lit n’a jamais été aussi peu intime ! Une expérience immersive signée MASSIVart qui fait inévitablement sourire.

Je déteste les casques de réalité virtuelle. Mais cette fois-ci, j’étais trop curieuse !

Il faut d’ailleurs mentionner que le lit se trouve désormais à l’emplacement décidé par John et Yoko à l’époque, contre la fenêtre. À l’époque, le couple et la fille de Yoko occupaient quatre suites, mais John avait amené le matelas dans la 1742.

« Le caractère historique de la suite 1742, où John Lennon et Yoko Ono s’installèrent durant leur deuxième Bed-in en 1969, fut l’un des éléments importants des travaux de transformation de l’hôtel effectués par son propriétaire, Ivanhoé Cambridge », précise le communiqué de presse émis suite au dévoilement.

Au fil du temps, la déco de la chambre avait beaucoup changé. Plutôt que de recréer l’atmosphère originale, l’équipe s’est inspirée des lieux visités ou habités par John et Yoko, notamment Londres, New York, Tokyo et Delhi.

Perso, j’ai particulièrement aimé les archives qui se trouvent dans la pièce près de l’entrée . On les découvre en ouvrant certains tiroirs du classeur inspiré de celui de l’«Imagination room» du couple. L’un d’eux renferme notamment une entrevue avec le journaliste Gilles Gougeon qui, à l’âge de 17 ans, a eu droit à une rencontre exclusive seul avec les occupants de la suite 1742. Il est le seul représentant des médias à avoir eu ce privilège. Pourquoi lui ? Parce qu’il travaillait pour Radio-Québec, un réseau voué à l’éducation.

Au départ, le jeune journaliste s’attendait à passer une dizaine de minutes dans la pièce. Il sera finalement resté au lit une demi-heure !

Le journaliste Gilles Gougeon raconte sa rencontre avec le couple mythique

Je lui ai demandé ce qu’il était advenu de cette entrevue. « Vous le saurez si vous écoutez Radio-Canada demain », m’a-t-il lancé du tac au tac. Je n’ai bien sûr pas pu attendre et j’ai mené mon enquête… Il semblerait que les enregistrement ait été perdus.

Toutes les images d’archives qui se trouvent dans la pièce sont inédites, confirme Hanaë Bossert, directrice de projet chez MASSIVvart pendant la visite. Impossible de les retrouver en fouinant sur le Web !

Reste maintenant à savoir si vous seriez prêt à débourser les quelque 1969 $ demandés pour passer la nuit dans la suite 1742 et, ainsi, avoir accès à toutes ces archives.

Pour en savoir plus :

La Suite 1742 pour mon anniversaire

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