Fragments Tranches de route

Mes pires galères de voyage

22 janvier 2017
En une quinzaine d’années de voyage, j’ai accumulé plusieurs histoires rocambolesques. N’ayant pas eu la chance de voir du pays avant l’âge adulte, j’ai tout appris sur le tas, parfois à la dure. J’ai longtemps collectionné les gaffes. Et il m’arrive encore d’en faire !
Avec le recul, je réalise à quel point voyager est plus simple en 2017, et pas seulement parce que je connais mieux les rouages de cet univers. L’équipement vidéo et les ordinateurs sont beaucoup plus légers et on peut facilement communiquer de n’importe où grâce à wifi et aux téléphones intelligents. Je ne crois pas jamais guérir complètement de mon étourderie, mais il faut avouer que l’expérience m’aide tout de même à éviter quelques bévues. Six tranches de route marquantes !

Atterrissage à Taipei en plein typhon 

Taipei

Impossible d’oublier le jour de mon 26e anniversaire. Dans le vol qui me ramène à Taipei depuis Hong Kong, j’ai  droit à un véritable spectacle son et lumières… dans les airs. Un violent typhon secoue l’appareil dans lequel je me trouve au point d’avoir l’impression d’être dans des montagnes russes. Derrière moi, une vieille dame tient fermement son chapelet bouddhiste en priant les yeux clos.
Une fois sur la terre ferme (fiou !), j’apprends qu’un des pires typhons des dernières années a paralysé la ville. Impossible de quitter l’aéroport : les routes sont inondées. J’essaie de trouver une chambre d’hôtel dans les parages, mais tout affiche complet. Comme d’autres voyageurs, je me résigne à passer la nuit à l’aéroport. Des copains m’appellent pour me souhaiter « Joyeux anniversaire ! »…
Partout dans l’aéroport, les sièges sont munis d’accoudoirs. Impossible de m’allonger où que ce soit. Je m’installe sur une chaise à massage qui me répète en chinois d’insérer des pièces toutes les deux minutes. Après environ une heure de messages diffusés en boucle, je décide de partir à la recherche d’un restaurant.
Je reviens bredouille. Tout est fermé pour la nuit. Après avoir testé à peu près tous les types de sièges possible, au petit matin, j’essaie de me faufiler du côté de la classe affaires. Mon allure de backpackeuse qui vient de passer une nuit blanche ne convainc pas la préposée à l’accueil.
Je quitterai l’aéroport une douzaine d’heures après que l’avion se soit posé.

Arrestation et foule en colère à Ouagadougou

Pendant mon stage au Burkina Faso

En 1999, les caméras n’avaient rien à voir avec celles d’aujourd’hui. Stagiaire pour un organisme de coopération internationale, je me trouve à Ouagadougou pour réaliser des vidéoreportages. En gros, mon mandat consiste à tourner et réaliser des interviews avec une Canon XL1.
Mon premier choc culturel a lieu le lendemain de mon arrivée, quand je vais me procurer le permis de tournage nécessaire pour débuter mes activités. Pour résumer, disons que la saga m’a rappelé la maison des fous d’Astérix.
Lors de mon premier jour de boulot, je recours aux services d’un chauffeur de taxi pour la journée. Je lui demande de m’emmener du côté du marché, histoire de prendre quelques plans larges qui me serviront à illustrer différents topos. Une fois sur place, je sors du taxi et mets la caméra sur mon épaule.
Un premier passant me crie des insultes. Un deuxième me somme de lui donner de l’argent. En quelques minutes, je me retrouve entourée d’une foule qui me hue. J’ai beau leur expliquer que je ne filme personne en particulier, mais bien le mouvement de la foule, rien n’y fait. Je remonte dans le taxi un peu secouée par mon expérience.
Pas question de me laisser démonter pour autant ! Alors que nous roulons, je décide de filmer par la fenêtre. Sauf que je ne me rends pas compte que nous passons devant un bâtiment militaire, qu’il est formellement interdit de filmer… Un soldat nous demande de nous arrêter. Je me sens bien petite à côté de son kalachnikov ! Le chauffeur de taxi lui explique en mooré que je ne suis qu’une pauvre stagiaire innocente (du moins, c’est ce que je déduis). Après des menaces et plusieurs regards fielleux, il finit par nous laisser partir.
Il m’a fallut quelques jours avant de ressortir ma caméra !

Valise en cavale et run de lait pour Noël

Dans la catégorie « fausse bonne idée », il y a eu ce séjour à St. Maarteen avec un ami dont le cousin travaillait pour une compagnie aérienne. C’était quelques jours avant Noël. Un de mes premiers voyages…
Munis de billets offerts par ledit cousin nous permettant de voyager en « stand-by », mon ami et moi attendons que tous les passagers soient à bord pour voir si des sièges sont libres. Négatif.
Devant l’impossibilité de trouver un vol direct, nous décidons d’aller à Toronto, d’où nous pourrons prendre un autre vol à la première heure le lendemain. Le taxi qui nous dépose devant l’hostel miteux où nous nous arrêtons repart avant que mon ami ait pu prendre ses bagages dans le coffre. Il parvient à récupérer sa valise après une poursuite digne d’un film.
Le lendemain, nous trouvons un vol vers la Barbade. On se rapproche, non ?
Non. Une fois-là, pas, on ne nous dit qu’il est impossible d’aller où que ce soit avec notre billet. Nous nous résignons et achetons des vols avec Liat, une petite compagnie qui relie les îles des Caraïbes. Nous arriverons à St. Maarten plusieurs escales plus tard.
Au final, le prix des billets achetés à  la Barbade s’est avéré plus élevé que le prix d’un vol direct entre Montréal et St. Maarteen avec une compagnie concurrente. La valise de mon ami mettra deux jours à arriver…

Tremblement de terre à Taïwan

Dans le métro de Taipei

En un an et demi à Taïwan, j’ai eu le temps de vivre une foule de péripéties.
Je suis dans un couloir sous-terrain, quelques secondes après être sortie du métro, quand le sol se met à faire des vagues. Il me faut quelques secondes pour comprendre ce qui se passe.
Des cris retentissent et les gens se mettent à courir. Je me rappelle avoir couru moi aussi, puis tout s’est arrêté. Une amie m’a plus tard raconté que la terre avait suffisamment tremblé pour que la vaisselle tombe des armoires.

Trajet pénible au Mali

À Bamako, ce n’est pas l’heure indiquée sur le billet d’autobus qui indique le moment du départ, mais la quantité de passagers qu’il est possible d’entasser.
Alors que je dois me rendre près de la frontière de la Côte-d’Ivoire pour un reportage, je prends place dans le véhicule avec mon ordinateur portable (qui ne l’était pas tellement, si je compare avec mon actuel MacBook Air !) et tout le bazar dont j’ai besoin pour le boulot : carnets de notes, appareil photo, etc. Il fait chaud et les banquettes synthétiques n’aident pas au confort.
Le temps passe. Quand le bus démarre enfin, plusieurs heures plus tard, je suis coincée avec mes bagages à côté d’un colosse (pas question que je lâche mon ordi !). Lors de chaque arrêt, des vendeuses harcèlent les passagers pour vendre collations  et repas. Environ à mi-chemin, un homme entre avec une pièce de viande sanguinolente suspendue au bout d’une corde.
Je ne me rappelle plus combien d’heures a duré le trajet, mais jamais je n’oublierai le mélange d’odeurs de sueur, de viande et de nourriture achetée par les passagers lors des nombreux arrêts.
Au retour, j’ai acheté deux places. (J’ai raconté l’anecdote ici.)

Intoxication alimentaire en Thaïlande

C’était avant que le téléphone cellulaire ne fasse partie intégrante de nos voyages. J’avais rendez-vous avec ce garçon qui me plaisait tant. Mais le jambon ingurgité au petit déjeuner avait un goût bizarre…
Je ne vous dis pas l’état dans lequel je me suis retrouvée les heures suivantes. J’ai raté mon rendez-vous. Le lendemain soir, j’ai recroisé le garçon en question, mais je voyais bien qu’il avait du mal à gober mon histoire. J’ai, pendant un moment, tenu une tranche de jambon responsable du fiasco de ma vie sentimentale.

Mais encore…

Railay beach, Thaïlande

Il y aurait tant d’autres anecdotes ! La fois où un chauffeur de taxi m’a déposée seule au milieu de nulle part à Koh Phanghan, celle où mes deux amies et moi nous sommes faites arrêter pour excès de vitesse en France, avec un dénouement digne d’un film de Bollywood, le rat géant de ma hutte à Railay beach, le préposé aux réservations qui a annulé mon billet de retour en Inde sans en avoir booké un autre vol avant (j’ai dû faire un détour par Paris après Amsterdam, mais on m’a donné un crédit de 800 euros pour me dédommager !), mon séjour d’une semaine à l’hôpital à Taïwan, l’hostel crade de Singapour, la route entre Bangkok et le nord du Cambodge avant qu’elle ne soit refaite, mes multiples visites dans des cliniques aux quatre coins de la planète à cause de réactions à des piqûres de guêpes ou autres infections cutanées…
Heureusement, la plupart de mes péripéties me font sourire, des années plus tard ! Vous, quelles ont été vos pires galères sur la route ?
À lire également: Santé et voyage: des blogueurs racontent, Souvenirs d’AfriqueMiss Catastrophe, Quatre jours à Taipei, Mon Taipei, Partir seule, la meilleure décision de ma vie, La nuit

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13 Commentaires

  • Répondre tania 22 janvier 2017 - 8 h 29 min

    très bonnes les tiennes qd même
    j aime aussi raconter mes moments wtf en voyage
    il y en a tant mais 1 en gros où pr mon premier voyage en asie en 2012
    j étais en Thaïlande à Bangkok et le chauffeur de tuk tuk ne savait pas où était l adresse de ma guesthouse
    pourtant écrit en thaï
    je te raconte pas le truc à 23h dans une ville que tu ne connais pas
    heureusement pr moi elle était pas loin d el endroit où j étais en roulant doucement j ai pu la reconnaitre dans la nuit mais quel frayeur

  • Répondre Guillaume (@Guillaumekarine) 22 janvier 2017 - 10 h 39 min

    Très rigolo ce petit récit quand on a pas vécu ces galères…

  • Répondre Bianca @ La Grande Déroute 22 janvier 2017 - 12 h 24 min

    J’adore les récits de galères en voyage, vas savoir pourquoi!

    On a en commun le tremblement de terre taïwanais et l’intoxication alimentaire thaïlandaise. Le typhon dans les airs m’aurait probablement achevée, moi qui est déjà terrorisée en avion (la plupart du temps).

    De mon côté, mes galères se classent généralement toutes dans la même catégorie : expérimentation des différentes systèmes de santé du monde. De l’Australie à la Bolivie, en passant par l’Allemagne, la Thaïlande, la Malaisie et Taïwan, entre autres destinations intéressantes où se faire soigner, je les fais presqu’en ordre alphabétique par dessus le marché!

    La seule petite galère que j’ai racontée jusqu’à maintenant sur mon blog est mon arrivée en Nouvelle-Zélande : http://lagrandederoute.com/petite-galere-en-nouvelle-zelande/

  • Répondre tiphanya 23 janvier 2017 - 10 h 07 min

    C’est agréable de lire les galères des autres on se sent moins seul. Moi j’ai quelques difficultés avec les bus. Ainsi pour aller de la frontière entre la Malaisie et Singapour, j’ai pris un bus “express” pour rejoindre le centre ville de Singapour. Enfin c’est ce que je pensais… j’ai visité les quartiers résidentiels.
    Et j’ai recommencé en Malaisie. Le bus que je voulais faisait une boucle, mon arrêt était au début de la boucle dans un sens et donc à la fin dans l’autre, je te laisse deviner dans lequel je suis montée.
    Il y a aussi eu un certain sac contenant 3 passeports, tout notre argent, oublié dans un bus en Grèce…
    En fait j’ai de quoi également écrire un article, car d’autres mésaventures me reviennent à l’esprit (faire un malaise dans un bus, être réveillé au milieu de la nuit par des tambours dans le temple voisin, voir sa chambre inondée à cause d’une fuite d’eau, écouter Cher toutes les nuits en boucle, etc)

  • Répondre Chrissand 23 janvier 2017 - 10 h 52 min

    Quand ca se finit bien, on en rigole toujours après. J’ai également quelques anecdotes racontées sur un ancien article : http://www.chrissandvoyage.com/galeres-en-voyage.php
    Mais depuis j’ai eu quelques autres histoires bien croustillantes. Ca fera de quoi raconter à nos enfants et petits enfants plus tard! hahaha

  • Répondre Laurent 23 janvier 2017 - 15 h 37 min

    Ah, je crois que les options Ouaga et Bamako sont mes préférées. C’est vrai que ça n’est pas simple de prendre des photos au Burkina. J’avais eu droit à des remarques peu amicales et parfois des échanges un peu tendus que j’ai eu un peu de mal à détendre après avoir pris des photos en plan large à Ouaga ou à Bobo. Je me suis dit alors que j’avais encore des progrès à faire pour amadouer les gens 🙂

  • Répondre Elzéar Belzile 27 janvier 2017 - 22 h 17 min

    Ma meilleure “anecdote” de voyage est arrivée lors d’un voyage pour le travail. Je me rendais au Guyana en Amérique du Sud pour travailler à un projet d’exploration minière. L’avion faisait une escale à Port-of-Spain (Trinidad) avant de continuer vers Georgetown. Pendant l’escale de 2 heures, j’ai été assez “chanceux” pour qu’il se produise une tentative de coup d’état et que le pays soit paralysé et tous les vols cancellés.
    À l’hôtel où je me suis finalement retrouvé (après quelques péripéties), j’ai rencontré le président de la compagnie minière avec laquelle on travaillait au Guyana. Celui-ci avait bien des contacts au Canada dont au ministère des affaires extérieures. Je ne sais comment mais il a réussi à obtenir le droit de louer un avion et de quitter le pays. Trouver un pilote et un avion n’a pas été facile. On s’est finalement rendu à l’aéroport en camion militaire. Le pilote a eu moins de chance, Il a été arrêté à un contrôle de police. On a dû se rabattre sur un autre pilote et un autre avion qui demeurait près de l’aéroport. On embarque, l’avion se rend sur la piste et… on se retrouve entourés de militaires qui pointent leurs fusil (type M-16) vers l’avion. Arrêt des moteurs, le pilote ouvre une fenêtre et on entend: get out of there, Hands up.
    On sort de l’avion, les mains en l’air, et j’entend les soldats armer leurs mitraillettes. On entend ça dans les films, mais En réel, ça donne une drôle de sensation. Heureusement, l’officier crie: cool down, ils ne sont pas armés. On a finalement pu s’expliquer, on avait changé d’avion et ils n’avaient pas été avertis. On a pu repartir et s’envoler vers l’île de Grenada.
    Tout s’est bien terminé mais il y a eu quelques moments un peu stressant… 😉

    • Répondre Marie-Julie Gagnon 27 janvier 2017 - 22 h 57 min

      A-yo-ye. Quelle histoire! On dirait un film! À quand le livre?

      • Répondre Elzéar Belzile 28 janvier 2017 - 11 h 54 min

        Ha,Ha ça n’arrivera pas, j’aime mieux lire les autres 😉
        Par contre, en me promenant un peu partout en Amérique du Sud, au Mexique et dans plusieurs pays d’Afrique, j’ai accumulé pas mal “d’anecdotes” de voyage qui meubleraient plusieurs chroniques (dont un deuxième coup d’état au Mali en 2012). 😊

  • Répondre Tanzanie, me voici ! - Taxi-Brousse 6 février 2017 - 11 h 29 min

    […] Mes pires galères de voyage […]

  • Répondre Tanzanie, nous voici ! - Taxi-Brousse 4 mars 2017 - 7 h 03 min

    […] 101  et 10 conseils pour partir en voyage l’esprit (plus) tranquille sur Avenues.ca, Mes pires galères de voyage et Santé et voyage : des blogueurs […]

  • Répondre Hélène - Voyages ici et ailleurs 10 septembre 2017 - 11 h 42 min

    Sur un nombre incalculable de belles aventures, il y a toujours quelques petits “quake”. Ca nous fait toujours des choses à raconter à notre retour et ça nous rend plus fort aussi 🙂

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