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Des îles et des vaches

19 août 2015

Je savais déjà que j’aimais le fromage du Pied-de-Vent, mais le gelato? J’avais encore en mémoire des glaces au roquefort et autres bizarreries testées au fil de mes pérégrinations…

La première bouchée ne me convainc pas. La suivante, un peu plus. À la troisième, je suis conquise. Ma glace au Pied-de-Vent parfumée à l’orange, créée par Gourmande de nature, titille mes papilles. Je tenterai de reproduire ce moment parfait le lendemain en goûtant l’autre saveur, miel et églantier, mais le premier ingrédient m’apparaît trop présent pour provoquer le même ravissement (note à toi, lecteur: je déteste le miel, mais je le tolère quand il s’estompe derrière les autres ingrédients. V’là pour la portion «autopapillographique» de ce billet.).

Le gelato au Pied-de-vent concocté par Gourmande de nature. (Sur le dessus, ce sont des canneberges.)

Le gelato au Pied-de-vent concocté par Gourmande de nature

Le Pied-de-Vent, je l’aimais bien avant de venir aux Îles de la Madeleine pour la première fois en 2012. Il se trouvait déjà haut dans la liste de mes fromages québécois favoris. J’étais passée en coup de vent. J’avais été frappée par la cohue: la boutique grouillait de monde.

Trois ans plus tard, la boutique grouille encore de monde. Cette fois-ci, j’ai pu pénétrer dans l’antre du bonheur, là même où le fromage est fabriqué, emballé et bichonné (quoi, vous n’auriez pas envie de faire des câlins à toutes ces meules, vous?).

Visite des coulisses... Cette section n'est malheureusement pas ouverte au public.

Visite des coulisses… Cette section n’est malheureusement pas accessible au public.

De l’étable aux champs

Depuis le début de l’été, des visites guidées par Dominique Arsenault de la ferme Leo & fils, dont 100% de la production laitière sert à fabriquer les fromages du Pied-de-Vent, sont offertes aux curieux quelques matins par semaine. «Avant, les gens arrêtaient un peu n’importe quand et demandaient à visiter, raconte-t-il. Parfois, ça nous dérangeait dans notre travail. Alors nous avons voulu structurer un peu plus les visites.»

Dominique Arsenault

Dominique Arsenault

En entrant dans l’étable, nous sommes accueillis par un silence quasi-total. Aucun «meuh!» pour interrompre la discussion. Les veaux qui me regardent semblent plutôt se demander pourquoi j’ai autant de points d’interrogations autour de la tête.

Dans mes souvenirs d’enfance, quand on entrait dans une étable, le concert des meuglements débutait. Le rythme des îles affecterait-il aussi les animaux? À moins que les bêtes qui se trouvent devant moi aient l’habitude de recevoir des visiteurs? Un peu des deux?

J’imagine leurs échanges en voyant un groupe s’approcher:

– Hey gang! Encore d’la visite!

– Bah! Pas la peine d’user tes cordes vocales, petit.

– Pfffff! Le meuglement est soooo 1980’s, de toute façon…

–  Tellement… On prend notre air détaché?

– D’ac. En attendant, je retourne faire une salutation au soleil.

La petite histoire

C’est la rencontre avec un agronome qui a changé la vocation de la ferme familiale, qui misait jusque-là surtout sur l’élevage de bêtes destinées à l’abattoir. De passage dans l’archipel, Jonathan Portelance émet l’idée d’une fromagerie artisanale après avoir goûté la crème des îles. Nous sommes en 1997. La pêche n’est plus ce qu’elle était et l’agriculture gagne du terrain. L’agronome devient consultant et personne ressource pour l’entreprise naissante. «Il a fallu un an entre l’idée et sa réalisation», raconte Dominique. Le succès est immédiat.

Pourquoi avoir choisir la vache canadienne plutôt que la Holstein (les fameuses vaches noires et blanches qu’on voit partout)? Parce que si la première produit plus de lait, la seconde permet de faire du meilleur fromage. À chacun ses priorités, hein.

Nous sortons voir le troupeau. Les champs se trouvent sur une colline. L’herbe d’un vert éclatant, résultat d’un été pluvieux, contraste avec le ciel maussade. À l’horizon, les maisons aux couleurs vives ajoutent des touches de rouge, de bleu et de violet à la grisaille.

Je jette un coup d’oeil aux cornes des bêtes qui m’entourent. Même si je trouve qu’elles s’approchent par moments un peu trop près, pas une fois elles ne feront de mouvement brusque. Elles semblent si zen…

Ici, les embruns se mêlent à l’herbe fraîche broutée par ces convives V.I.P. Malgré leur double shift (deux traites par jour), elles profitent de ces mets de choix avec vue sur la mer. Tant qu’à passer sa vie à se faire tirer les trayons, autant se sustenter dans un décor cinq étoiles.

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Dominique Arsenault semble parfaitement à sa place dans ce décor. On le croit sur-le-champ (sans jeu de mots) quand il affirme apprécier autant son «bureau», même s’il se rend là-haut deux fois par jours. Il ne le dit pas qu’avec des mots: tout, chez lui, semble en harmonie avec son environnement.

Même chose quand Renée Landry, directrice services administratifs, assure manger du Pied-de-Vent tous les matins au petit déjeuner. Lorsqu’elle explique les méthodes de fabrication des différents fromages, son enthousiasme nous fait oublier qu’elle a dû répéter le même discours des centaines de fois.

Le bonheur dans le pré? Moi, en tout cas, il me suffira désormais de fermer les yeux en mangeant du Pied-de-Vent pour savourer à nouveau ce paysage si parfait. Meuh!

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Pratico-pratique:

• La fromagerie Pied-de-Vent est aussi un économusée depuis 2010. On peut en apprendre davantage sur la fabrication du fromage et voir les artisans à l’oeuvre. Cinq fromages sont produits sur place.

• Coût de la visite guidée de la ferme: 15$ (adulte), 5$ (enfant) et gratuit pour les 5 ans et moins. Elles ont lieu quelques matins par semaine  10h30.

• Le gelato au Pied-de-Vent a été conçu (cette année) par Gourmande de nature, fantastique boutique où l’on peut aussi suivre des ateliers de cuisine (entre autres pour apprendre à décortiquer un homard correctement et ne rien perdre). La chef-propriétaire, Johanne Vigneault,  est aussi derrière les fourneaux du restaurant La table des Roy, l’un de mes gros coups de coeur aux Îles. Le gelato est vendu exclusivement à la fromagerie (vous trouverez aussi des glaces chez Gourmande de nature, dont l’une à la bière Grave du café de la microbrasserie À l’Abri de la tempête et au chocolat, et une autre au caramel et poivre des dunes).

À découvrir également: mes autres billets portant sur le Québec maritime.

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3 Commentaires

  • Répondre Les Îles de la Madeleine en bref - Taxi-Brousse 19 août 2015 - 20 h 32 min

    […] lire également: Pâturages avec vue, 10 choses que vous ne savez (peut-être) pas sur les Îles de la Madeleine, 10 raisons de visiter […]

  • Répondre Véro 20 juillet 2016 - 7 h 40 min

    Puisque tu as remis cet article à l’honneur, je viens de le parcourir. Je vois que je ne suis pas la seule à ne pas apprécier le miel. Pourtant, c’est bon pour la santé, il parait. Pour ce qui est de la gelato au…fromage, je serais curieuse de goûter çà.

  • Répondre Michel Danis 20 juillet 2016 - 11 h 33 min

    Hey ! Votre gâteau au fromage (j’en ai acheté 6 lors de ma semaine aux Iles en juin) est-il disponible en kekpart à Montréal ???

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