Boulot buzz

Voyager pour se ressourcer

12 octobre 2014

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Hier, à l’émission Les Éclaireurs, à Ici Radio-Canada Première, j’ai parlé de tourisme de bien-être, une tendance en pleine croissance qui consiste à partir pour se ressourcer, bouger ou tout simplement prendre soin de soi.  Le contexte stressant dans lequel nous vivons n’est bien sûr pas étranger à la popularité de ce type de séjour. C’est aussi une «niche» très lucrative: selon le Réseau de veille en tourisme, les voyageurs qui choisissent ce type d’escapade dépensent 130 % de plus que les autres (et même 150%, si on parle de tourisme à l’intérieur du pays). On croit que ce créneau continuera à augmenter de 10% annuellement.

L’idée de partir pour prendre soin de soi ne fait pas l’unanimité, comme on a pu le constater en entendant les commentaires de mes collègues. Étant moi-même une épicurienne finie, mes vacances de rêve versent beaucoup plus dans les excès que la recherche d’un mode de vie plus sain. Par contre, contrairement à la bande de joyeux sceptiques qui m’entourait, je comprends qu’on puisse ressentir le besoin de se recentrer sur l’essentiel.

Personnellement, le simple fait de partir me met dans un état de bien-être. Avec ses obligations, ses horaires, ses étiquettes et ses cases, le quotidien m’angoisse beaucoup plus que le voyage! Aller explorer celui des autres est pour moi un acte zen en soi (bien que certains détails logistiques entraînent parfois leur lot de stress!). La routine m’oppresse; me jeter dans le vide m’excite et m’apporte autant d’adrénaline qu’un certain apaisement. L’ordinaire des uns est l’extraordinaire des autres… Ma zone de confort se trouve là où les points d’interrogation, les parenthèses et les points de suspensions sont plus nombreux que les «points finaux». Cela ne m’empêche pas de rêver de voyages axés sur la randonnée (donc plus encadrés), qui pourraient facilement faire partie de la catégorie «tourisme de bien-être».

Qui prend part à des voyages de bien-être?

Selon une étude réalisée par The Global Wellness Tourism Economy, les touristes de bien-être sont plutôt d’âge mûr, instruits et à l’aise financièrement. Sans grande surprise, les Européens, les Nord-Américains et les Asiatiques des pays les plus développés du continent sont les principaux adeptes.

Si je me fie aux conseillères en voyages et spécialistes de ce créneau à qui j’ai parlé ces dernières années, c’est encore plus large que ça (du moins, au Québec). Une chose ressort nettement, toutefois : les femmes constituent la majorité.

Chez Vayas, par exemple, une entreprise québécoise qui crée des voyages en petits groupes axés sur le bien-être, la cliente type a entre 35 et 50 ans. Elle recherche d’abord ressourcement et tranquillité. Pascale Dufresne, la fondatrice, remarque qu’une expérience douloureuse comme une séparation ou une période de stress intense déclenche souvent l’envie de ce type de séjour, aussi très populaire pour célébrer un anniversaire important, un quarantième ou un cinquantième, par exemple.

Détail qui me semble particulièrement intéressant : on trouve de plus en plus de professeurs de yoga, de pilates ou même coach de vie qui accompagnent des petits groupes en voyage. La logique est simple : les gens se disent «si un cours me fait du bien, imaginez une semaine» !

Pascale Dufresne, que j’ai eu l’occasion d’interviewer à quelques reprises au cours des derniers mois, observe que l’idée de partager et de «connecter» avec d’autres femmes fait partie des éléments qui séduisent les voyageuses qui optent pour ce type d’escapade en petit groupe. «Comme les filles sont majoritaires dans les retraites, c’est comme d’avoir sept soirées entre copines en ligne!» dit-elle.

Au-delà de tout ça, pour plusieurs, un voyage axé sur le bien-être permet de s’assurer de conserver un mode de vie sain même en voyage. Plutôt que de faire le lézard sur la plage sans bouger pendant une semaine, on entrecoupe ses séances de lectures par un peu de yoga ou de pilates ou un atelier sur la nutrition. Il y a bien sûr des «degrés» à tout ça…

Des exemples concrets?

Je me suis amusée à fouiller pour avoir une idée des forfaits proposés par les agences et voyagistes présents ici et j’ai été franchement impressionnée par l’étendue de l’offre.

Des exemples : Voyages traditours propose un voyage de 21 jours en Inde axé sur le yoga et la méditation, Uniktour, un séjour de bien-être et nature au Mexique de sept jours dans un écolodge, Club Aventure, du yoga et de la méditation au Panama, Club Med, le Programme «Bien-être actif» à Sandpiper Bay, en Floride…

Quand on regarde du coté des agences spécialisées, les possibilités sont infinies :  yoga, pilates, massage et ayurveda au Panama, Yoga et salsa à Cuba, Yoga, surf et SUP à Hawaii, Bella vita et yoga en Italie, Retraite détox au Costa Rica avec Crudescence… Tout ça avec Esprit d’aventure.

Dans le cas de Crudescence, trois personnes vont accompagner le groupe et offrir différents ateliers et conférences liés à l’alimentation vivante et à la santé. Des activités sportives seront aussi proposées, comme la randonnée, le surf et le SUP. Le voyage s’ajoute à l’offre de l’entreprise. Il faut s’attendre à voir de plus en plus de voyages de ce type au cours des prochaines années.

Alors, quoi de neuf?

Comme je le rappelais dans la chronique, ce n’est pas d’aujourd’hui que des gens partent pour «se faire du bien». Les stars, qui disposent de plus de temps et de plus d’argent, le font depuis toujours. Kylie Minogue et Naomi Campbell sont par exemple des adeptes de la Sha Wellness Clinic, sur la Costa Blanca, en Espagne, un spa macrobiotique. Pour ceux que ça intéresse (et qui ont le budget des gens riches et célèbres !), il existe des tas de listes de retraites faciles à trouver sur le Web (CNN, Gayot, Heath and fitness travel, etc).

Ce n’est pas d’aujourd’hui, non plus, que des voyages axés sur le sport permettent aux adeptes de partager leur passion sous d’autres cieux pendant quelques jours ou quelques semaines. Il suffit de penser à des agences comme Karavaniers du monde, qui me font rêver depuis plus d’une décennie.

Ce qui a changé? Peut-être le contexte, comme je l’évoquais au début de ce billet. Les perceptions, aussi. Le yoga, le pilates, la méditation et l’alimentation saine semblent plus populaires que jamais. Les magazines féminins multiplient les articles sur le sujet. Un best-seller comme Mange, prie, aime a aussi fait connaître les ashrams à bien des néophytes.

J’ai parfois l’impression que le monde est maintenant divisé en deux: les mangeurs de bacon et les buveurs de smoothies verts. À mi-chemin, reste quelques perdus comme moi qui continuent de se régaler de grosse viande rouge tout en prenant plaisir à gravir les sommets du monde… et à aller se faire masser après. 🙂

Pour entendre ma chronique, par ici. Vous, qu’en pensez-vous?

P.S.: J’ADORE la gang des Éclaireurs. Et oui, j’adore que chacun ajoute son grain de sel, quitte à brasser un peu mon contenu! C’est à cause de projets aussi tripants et stimulants que je continue à faire ce métier, même si c’est sans doute la pire époque pour le pratiquer.

P.P.S.: Je ne fais pas de yoga, mais 80% de ma garde-robe est constituée de «linge mou», y compris mes «kits» d’avion. 😉

MÀJ: Pascale Dufresne de Vayas a publié un billet en réaction à ma chronique.

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6 Commentaires

  • Répondre Frederic Gonzalo 14 octobre 2014 - 11 h 11 min

    Excellente chronique radio, Marie-Julie! Je ne réalisais pas à quel point ce créneau était lucratif, même si j’étais familier avec la tendance. Comme tu dis, au fond, le tourisme de bien-être a toujours existé, mais il devient tout simplement plus accessible et populaire!
    Cheers,
    Frédéric

    • Répondre Marie-Julie Gagnon 14 octobre 2014 - 11 h 13 min

      Merci! C’est d’ailleurs le cas de bien des tendances… 😉 Un monde fascinant, que je ne me lasse pas d’observer en tout cas!

  • Répondre Franck 27 octobre 2014 - 4 h 58 min

    Bonjour Marie Julie,

    Je rebondis sur le commentaire et l’analyse de Frederic.
    “le tourisme de bien-être a toujours existé, mais il devient tout simplement plus accessible et populaire”. J’ajouterais que le tourisme de bien-être devient même nécessaire pour réduire voire effacer le stress que la vie peut provoquer de nos jours sur la plupart des personnes.

  • Répondre POUR LES SCEPTIQUES DU BIEN-ÊTRE | Retraites de yoga 25 août 2015 - 14 h 53 min

    […] Taxi-Brousse: Les voyages de bien-être, oui ou non? […]

  • Répondre POUR LES SCEPTIQUES DU BIEN-ÊTRE | Retraites de Yoga 27 novembre 2015 - 14 h 45 min

    […] Et le texte lié à la chronique: Les voyages de bien-être, oui ou non? […]

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