Réflexions

La crisse de paix

25 mai 2014

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Oui, j’ai dit «crisse» à la radio d’ICI Radio-Canada. Franco Nuovo venait de nous demander, à Marie-Claude Ricard – autre invitée mordue voyage – et moi, pourquoi on aimait tant voyager en solo. Il y aurait eu 1000 réponses possibles. C’est celle-là qui est sortie en premier: «Pour avoir la crisse de paix».

J’aime voyager seule parce que tout est plus simple, naturel et spontané. Je veux rester dans ma bulle? Fine. Besoin de voir des gens? Je sors ou je prends part à une excursion qui me permettra de rencontrer d’autres voyageurs qui partagent mes intérêts. Envie de plonger dans la culture locale? Échange linguistique, bénévolat, boulot… Les possibilités sont nombreuses. Mon travail m’a toujours offert le prétexte idéal pour entrer en contact avec les gens qui m’intriguaient, ici comme ailleurs. «Excusez-moi, je prépare un reportage pour…» aide à briser la glace et ouvre bien des portes.

J’aime voyager seule parce que j’ai la foi. En l’humanité et en moi. J’aime me laisser porter par le hasard et surprendre par ses fantaisies. Je sais qu’il y a toujours quelqu’un, quelque part. Que même si j’ai peur d’un million de choses, me retrouver en tête-à-tête avec moi-même ne fait pas partie de la liste. Au contraire: j’apprivoise beaucoup mieux ce qui m’entoure en ayant l’espace nécessaire pour réfléchir et écrire. Et puis, on est jamais vraiment seuls quand on a autant de mots dans la tête.

Le «décodage» culturel

J’ai aussi parlé de «codes» culturels différents pendant l’entrevue. Anecdote: au début de ma parenthèse asiatique, j’avais l’impression que la majorité des hommes étaient gais. La masculinité s’exprime de manière tout à fait différente en Orient. De la même manière, un sourire ne veut pas dire… qu’on nous sourit. Combien de fois ai-je découvert que ma patronne, à Taïwan, était en furie alors qu’elle venait pourtant de m’offrir son plus large sourire?

Voyager seule m’a appris beaucoup de choses. L’humilité, surtout. Mais aussi d’aller au-delà des évidences, des conventions et des «codes», justement.

Pendant la discussion, j’ai également glissé un mot sur mon horreur des étiquettes. Je n’ai jamais supporté qu’on me range dans une case. En même temps, on en colle tous sans même s’en rendre compte, des étiquettes. Mais moi, plus je les vois s’accumuler, plus j’ai envie de tout arracher, de me mettre à poil et de faire des fingers! Je vous l’accorde: j’ai parfois encore 15 ans et demi.

Ça m’a beaucoup nui sur le plan professionnel, remarquez (pas me mettre à poil ni faire des fingers – mon dégoût des étiquettes!). Dès qu’on m’associait trop à un projet ou à un créneau, je me mettais à me questionner. À tourner à gauche alors qu’on s’attendait à ce que je tourne à droite.  J’ai toujours préféré brouiller les pistes que me ranger au bord de la route en attendant mon tour. Avancer, même si le chemin n’était pas le mieux pavé, plutôt qu’attendre sagement dans l’allée des «wanna be» qu’on appelle mon numéro.

Je suis parfaitement consciente qu’en refusant de jouer certaines “games”, j’ai effectué une forme de sabotage. Tant pis. Au moins, je me suis respectée. Et j’ai vécu à fond, selon mes règles – pas forcément les meilleures, mais celles avec lesquelles je me sens bien.

Aujourd’hui, je ne veux rien faire «à tout prix». Je gagne ma vie principalement grâce à mes passions. Mes priorités sont claires: les gens que j’aime, l’écriture et le voyage. Le reste entre dans la catégorie «bonus».  J’aimerai toujours la télé, la radio et écrire pour des médias dits «importants» (vivre de l’autre côté de la planète m’a permis de constater toute la relativité de ce mot). Mais pas au détriment de mes valeurs ou de mon essence. Le respect doit être à la base de tout, et de manière réciproque.

Avant d’entrer en ondes, Marie-Claude Ricard m’a confié qu’avant, elle voyageait pour «voir» et, maintenant, pour «connaître». Moi, j’ai toujours voyagé d’abord pour «ressentir».

Je l’ai dit/écrit souvent: je voyage comme on tombe amoureux. Pour l’intensité. Et les papillons.

À chacun sa drogue!

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4 Commentaires

  • Répondre Guylaine 25 mai 2014 - 15 h 56 min

    Merci pour ce magnifique texte qui reflete mes gouts et mes passions. Comme pour vous j’ai eu a voyager beaucoup pour mon travail et ce fut pour mon plus grand plaisir. En expatriation, souvent loin des grands centres urbains j’ai pu me prélasser dans des cultures qui m’étaient inconnues. J’ai grandi dans mon Coeur et dans mon âme. Mon amour pour l’humanité s’est define, s’est agrandi. Merci encore de faire un aussi beau travail. Je voyage depuis plus de 30 ans en solo, pour le plaisir ou par affaire.

  • Répondre Véronique 25 mai 2014 - 17 h 03 min

    Amen!

  • Répondre Corinne 25 mai 2014 - 18 h 45 min

    Tellement, tellement, tellement… 😉

  • Répondre Sébastien 26 mai 2014 - 6 h 25 min

    Ça ne passe pas ici je ne peux pas l’écouter… Est-ce qu’ils ont ajouté des bips ou bien c’était en direct? 🙂

    Pour moi voyager c’est surtout d’avoir personne que je connais autour… Et j’essaie de faire semblant le plus possible que je ne parle pas leur langage quand d’autre touristes s’approche.

    Personnellement j’ai toujours écrit “criss” sans “e” a la fin parce que quand on lit trop vite ça ressemble à “crise”. 😉

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