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Les marchés africains: pas reposants, mais fascinants

6 décembre 2013
Ouagadougou, 1999

Ouagadougou, 1999

On oublie jamais sa première fois. Moi, c’était à Ouagadougou, au Burkina Faso. Ma visite de Rood Woko s’est avérée harassante et plutôt perturbante. J’étais bien allée au marché de légumes à quelques reprises, mais à côté du Grand Marché de la capitale, c’était de la petite bière.

Mon initiation aux marchés africains s’est faite dans le chaos le plus total. Pouvait-il en être autrement? Je m’y étais rendue en compagnie d’une amie pour acheter des extensions capillaires (une lubie passagère: je me suis par la suite fait tresser les cheveux pendant deux jours entiers, pour garder ma nouvelle coiffure à peine deux jours de plus tellement la douleur était insupportable). Je n’ai aucun souvenir de ce que j’ai pu y voir, mais l’agressivité des vendeurs, impossible de l’oublier. Car moi, l’étrangère forcément pleine aux as, il était de mon devoir de tout acheter, non? On m’avait dit de regarder droit devant. C’est ce que j’ai fait, en tentant, du coup, de me boucher les oreilles.

Bamako, 2004

Bamako, 2004

Mes visites suivantes, quelques années plus tard, ont été beaucoup plus agréables. Il faut dire que j’avais plus de kilométrage derrière la cravate. Et que j’avais cessé d’écouter les conseils de tout un chacun…

Au marché Sandaga, à Dakar, j’ai négocié seule mes sandales et mes bin-bin. À Bamako, j’ai fait quelques bonnes affaires (vous devriez voir mon sac touareg!) en jouant à fond le grand jeu de la négo. Un jeu dans lequel l’humour est le meilleur allié pour marquer des points. Mais un jeu où gagner ne veut toutefois pas dire l’emporter pour quelques sous…

Dans nos poches d’Occidentaux, quelques sous en moins ne font pas grand différence. Dans les pays en développement, quelques sous en plus peuvent en faire une grosse… J’ai donc appris à ne pas me laisser rouler (du moins, à tenter de ne pas l’être!), sans pour autant m’acharner pour quelques pièces. À cesser d’avoir peur, aussi. À regarder les gens et à discuter sans gêne. À rester humble (je suis qui, moi, pour débarquer ainsi avec mon arrogance?) et à ne pas braquer ma caméra sans demander à TOUS les gens qui peuvent être dans mon champ de vision la permission de le faire…

Mais quand leurs arguments de vente (souvent au moment où je m’éloigne) s’approchent davantage des préjugés entretenus à l’égard des toubabs (étrangers) ou de la rancoeur issue d’une époque colonialiste avec laquelle je n’ai aucun lien, je vais voir ailleurs. Dans ces cas-là, j’ai beau tenter de m’ouvrir l’esprit au maximum, de comprendre et de remettre les choses en contexte, j’ai du mal à ne pas me laisser atteindre par les commentaires désobligeants.

J’ai fait de nombreuses trouvailles dans les marchés d’Afrique de l’Ouest. De magnifiques tissus, des batiks aux couleurs flamboyantes, des sacs bigarrés, du beurre de karité, des bijoux… Sans oublier les marchés de poissons et de fruits et légumes, qui grouillent de vie et d’authenticité. Surtout, c’est là que j’ai compris qu’au-delà des codes culturels parfois difficiles à interpréter, le sourire reste le meilleur des passeports. Remarquez, il faut quand même savoir le « ranger » quand le jeu de la négo nous demande de sortir « l’arsenal émotif » nécessaire pour remporter la manche!

Marchandage 101: quelques tuyaux

Ouagadougou, 1999

Ouagadougou, 1999

• Il est nécessaire de marchander dans les marchés d’Afrique de l’Ouest. Certains vous diront de diviser le premier prix proposé par quatre, d’autres par deux. L’idée est de ne jamais dire votre prix le premier. Attendez que le vendeur vous dise le sien, et proposez-en un autre beaucoup plus bas, quitte à le lancer en riant tellement il semble ridicule.

• Ne faites jamais vos emplettes alors que vous êtes pressé. Pour bien marchander, il faut prendre le temps. La patience est d’or!

• «Il ne faut pas hésiter à raconter sa vie (et même à en rajouter), à dire au marchand qu’on a comme lui une famille à nourrir, que l’argent n’est pas inépuisable», conseille Le guide du routard Sénégal Gambie.

• Bon à savoir : plusieurs vendeurs sont superstitieux. « Levez-vous tôt ! conseille Le guide du routard. En effet, si vous êtes le premier client, le vendeur sera beaucoup plus indulgent, car c’est un présage qui lui permettra de faire une bonne journée. »

• Garder une attitude détachée vous aidera à parvenir à vos fins. Le guide du routard confirme: «Le principe de base est de ne pas laisser percer votre intérêt pour le bibelot que vous imaginez déjà en bonne place dans votre salon. Demandez le prix de l’objet qui vous intéresse et des objets voisins avec le même air détaché, c’est-à-dire en regardant autre chose.»

• J’ai déjà tenté de reproduire le mode de marchandage «à l’africaine» dans les Caraïbes. Erreur! Mieux vaut se renseigner sur les us et coutumes de chaque endroit avant de prendre pour acquis qu’une fois qu’on sait rouler, tous les vélos sont pareils!

Marché de poissons de Saint-Louis, au Sénégal, 2003

Marché de poissons de Saint-Louis, au Sénégal, 2003

(Ce billet a d’abord été publié sur le défunt blogue EnTransit.ca le 7 octobre 2009.)

À découvrir également: Insaisissable Afrique de l’OuestNoël au SénégalDu coq à l’âneLecture et chocolat30 secondes à bord d’un clando et Souvenirs d’Afrique.

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