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Les outils pour mesurer l’influence, ça vaut quoi?

17 mars 2013

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La première fois qu’on m’a demandé «mon Klout», un outil destiné à mesurer l’influence sur les réseaux sociaux, c’était pour m’inviter à prendre part à un voyage en train vers Halifax avec Via Rail. Comment cette note sur 100 m’avait-elle été attribuée? Par des calculs qui m’échappent encore, suite à la cueillette d’informations en ligne à mon sujet, comme le nombre d’abonnés à mon compte Twitter.

Par défaut, si vous avez créé un profil Twitter, vous pouvez déjà voir votre résultat Klout (à moins que votre compte soit privé). Ce fait a d’ailleurs été critiqué maintes fois par des internautes et des journalistes. Pour avoir un meilleur contrôle, vous pouvez décider d’ajouter les réseaux sociaux sur lesquels vous êtes actifs (Foursquare, Instagram, WordPress, Facebook, Google +, alouette!).

En clair, quand un relationniste vous demande «votre Klout», il veut savoir si vous êtes suffisamment populaire pour avoir un impact auprès de votre communauté. La plupart du temps, les pros iront toutefois vérifier eux-mêmes puisque l’information est publique (à moins, encore une fois, que vos informations soient privées). Les agences de relations publiques les utilisent pour avoir une idée de la popularité des journalistes, blogueurs ou autres «influenceurs» qu’ils devraient solliciter dans un domaine précis, mais de plus en plus d’employeurs et de chasseurs de tête les consultent également (du moins, pour des emplois liés de près ou de loin aux réseaux sociaux).

«Klout a été revampé l’an dernier pour inclure plus de 400 plateformes, dont Wikipedia, dans l’analyse de son score, explique Frédéric Gonzalo, conférencier, blogueur, consultant et vulgarisateur marketing et spécialiste en e-tourisme. Ça ne faisait pas de sens que Justin Biebier ait plus d’influence que Barack Obama, ce qui a été corrigé, thank God! »

D’autres outils ont des missions similaires comme PeerIndex (que je déteste – il ne prend pas en considération certains des réseaux comme Instagram et Foursquare, ce qui fait baisser ma note!) et Kred (que je ne connaissais pas avant que Frédéric Gonzalo le mentionne).

Pour vous donner une idée concrète à quel point chacun fonctionne sur des bases différentes, j’ai comparé les comptes de quatre blogueurs anglophones considérés comme influents dans le domaine du voyage: Velvet escape, Johnny Jet (qui fait aussi de la télévision), Traveldudes (communauté de voyageurs) et Nomadic Matt. Tous les résultats sont en date d’aujourd’hui. Vous remarquerez que les deux premiers donnent une note sur 100, et le dernier, sur 1000.

Classement selon Klout:

1- Johnny Jet: 79

2-Nomadic Matt: 74

3- Velvet escape: 72

4-Traveldudes: 71

Classement selon PeerIndex:

1-Traveldudes: 82

2- Velvet escape: 78

3- Johnny Jet: 66

4- Nomadic Matt: 59

Classement selon Kred:

1- Traveldudes: 953/1000 (niveau 10 de 12)

2- Velvet escape: 888/1000 (niveau 9 de 12)

3-Nomadic Matt: 881/1000 (niveau 8 de 12)

4- Johnny Jet: 851/1000 (niveau 7 de 12)

On parie que Johnny Jet préfère Klout lui aussi? 😉

Si j’avais fait cette liste la semaine dernière, les résultats auraient pu être complètement différents puisqu’ils reflètent la popularité au quotidien. Cela signifie que si vous partez en vacances au fond des bois pendant trois semaines et qu’un employeur potentiel consulte votre profil à ce moment, votre c.v. pourrait se retrouver en-dessous de la pile (si ledit employeur manque de jugement, bien sûr, et se base sur ces seules données). Au fil des semaines, j’ai vu mon propre score Klout jouer au yoyo entre 67 et 69 sans que je comprenne pourquoi (je n’avais rien changé à mes habitudes!), avant de le voir se stabiliser à 70.

La grande question maintenant: peut-on vraiment se fier à ces mesureurs d’influence? Sont-ils utilisés correctement par l’industrie? «Je pense que ces outils évacuent tout à fait la notion “d’autorité” dans un domaine, croit Nadia Seraiocco, stratège RP numériques et blogueuse pour Triplex, qui dit préférer Klout à PeerIndex et Kred. Quelqu’un qui jase beaucoup, utilise les bons mot-clics et suit 5000 personnes pour être suivi en retour par 3500 va scorer assez fort. Mais cela n’indique en rien que la qualité des contenus est au rendez-vous. Le Klout ou le PeerIndex d’un journaliste m’indique qu’il sait comment utiliser les médias sociaux. Si son Klout est ordinaire (c’est-à-dire s’il n’accote pas celui des vedettes des médias sociaux), mais qu’il publie dans La Presse et est vu ou entendu dans un média électronique, cela m’indique la réelle portée dudit journaliste. (…) Quand tu regardes une liste d’influenceurs, il faut aussi aller voir ce qu’ils ont fait, quelle est leur réelle expertise et, ensuite, très souvent tu retiens quelques noms, mais pas nécessairement les tops.»

Selon Frédéric Gonzalo, le score Klout ou Kred permet «de mesurer rapidement la “valeur” d’un journaliste ou blogueur». «Si une compagnie pense inviter trois ou quatre blogueurs influents en tourisme, en cinéma québécois ou culture jeunesse, ce genre d’outil permet un filtre rapide pour découvrir des influenceurs dans ces sphères. Ça ne devrait pas empêcher, toutefois, le boulot de validation qui doit ultimement être fait par le ou la relationniste.»

Tant d’éléments influencent les résultats! Frédéric Gonzalo a par exemple constaté que bloguer dans les deux langues a un impact sur sa note. «En anglais, je suis repiqué sur Social Media Today, Business 2 Community, ehotelier.com et Hootsuite, entre autres. Klout, Kred et ces outils prennent cette information en considération, même si elle n’est pas disponible en soi en fouillant sur mon blogue. Donc, audience franco ou anglo? Portée virtuelle ou réelle? Il y a plusieurs facteurs à considérer, Et ces outils ne demeurent que ça: des outils. Il ne faudrait pas en faire une religion…»

Bruno Guglielminetti, directeur de la Communication numérique au Cabinet de relations publiques NATIONAL, abonde dans le même sens. «Klout a réussi à se tailler une place enviable dans les outils de mesure d’influence, même s’il est imparfait, observe-t-il. Pour ma part, il est maintenant l’un des critères, mais pas le seul. Il aide à repérer les gens et à voir leur “influence” relative dans leur domaine, leur environnement. Mais rien ne remplace l’évaluation plus poussée des contenus, leur pertinence et l’écosystème autour de l’influenceur…»

Chose certaine, difficile aujourd’hui pour un blogueur d’ignorer ces outils.

Pour plus d’infos:

Klout, un outil pour mesurer l’influence, Nadia Seraiocco, Triplex, 26 septembre 2012

Mesurer son influence sur les réseaux: se vendre ou être acheté?, Nadia Seraiocco, Triplex, 8 mars 2013

Êtes-vous influents?, Frédéric Gonzalo, 2 mai 2012

Montréal, la région touristique la plus influente au Québec, Valeria Landivar, Métro, 21 décembre 2012

Ego à fleur de peau, évitez Klout, Nelson Dumais, juin 2012

Le score Klout, un nouveau critère d’embauche?, Sandra Bellefoy, Syncro blogue, 24 août 2012

Klout Vs. Kred: Which, if any, is better for your business?, Scott Levy, Forbes, 4 mars 2013

MÀJ 18 mars: Il semblerait que le sujet ait soulevé les passions à SXSW, comme en témoigne cet article de Marketing (merci à Sophie C. Laplante pour l’info).

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7 Commentaires

  • Répondre Bernard Prince 18 mars 2013 - 23 h 00 min

    Très intéressant comme analyse. Personnellement, je pense qu’il faut tout de même faire la distinction entre influence et autorité. Plusieurs ou des Klout très élevés, car ils diffusent et interagissent énormément, mais à partir des contenus des autres. Ceux qui réussissent à avoir une bon score avec une bonne partie de contenu “de première main” sont ceux qui m’intéressent, mais ni Klout ni Peerindex ne permet de les trouver facilement.

  • Répondre Frederic Gonzalo 20 mars 2013 - 23 h 39 min

    Salut Marie-Julie,
    J’ai pensé à ton billet en lisant celui-ci de Mark W. Schaefer, auteur d’un livre sur le sujet: http://www.businessesgrow.com/2013/03/19/reflections-on-social-media-power-and-social-influence/
    Un très bon résumé des enjeux et opportunités liées à cette nouvelle tendance des indicateurs d’influence. Bonne lecture 😉
    FG

  • Répondre Sylvain Carle 21 mars 2013 - 19 h 38 min

    La première génération de mesure manque un peu le bateau avec une approche généraliste.

    Par contre, la nouvelle vague d’outils, qui compare et analyse les experts par domaine et les relations entre eux est beaucoup plus intéressante. Un de ceux que j’aime bien en ce moment est Little Bird – http://getlittlebird.com.

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