Boulot Écriture États d'âmes

Maudit journalisme

12 février 2011

J’ai parfois l’impression que toutes ces années à me couler dans les moules des différentes publications auxquelles j’ai collaborées ont saboté mon écriture. L’impression qu’en quittant les cours de création littéraire en 1994 pour gagner ma vie, j’ai appuyé sur le bouton «pause».

Il y a bien des moments où j’ai senti la «machine» se remettre en marche. Pendant mon exil, surtout. Comme si ma vulnérabilité retrouvée agissait comme détonateur. Le déracinement, dans mon cas, est un puissant moteur créatif.

N’empêche, il me semble un peu facile de tout mettre sur le compte du boulot, de la routine, du manque d’exotisme, de la déprime saisonnière et des 36 manières d’atteindre l’orgasme, feints un trop grand nombre de fois sur papier glacé.

Alors j’ai recommencé à m’exercer. À tenter de réapprivoiser cette auteure de 19 ans à fleur de peau pour qu’elle me pointe la bonne direction. Elle n’est pas la même, avec tous ses tics de magazines féminins (ah bon? Il est possible d’écrire une phrase sans ploguer les mots glamour ou fashionistas?). Mais je sais qu’elle se cache quelque part, tapie derrière ses doutes. Qu’elle ne veut pas renier les seize dernières années non plus – elles font partie de ce qu’elle est devenue -, mais plutôt parvenir à s’en faire des alliées. Après tout, écrire reste écrire. Même si on a l’impression d’avoir tellement souvent fait la même recette qu’on a oublié l’existence d’autres assaisonnements…

Pour y arriver, elle doit peut-être faire table rase.

Ou peut-être pas.

Je ne sais pas. Je trouverai bien.

Faut d’abord que j’arrête de penser aux gens qui me liront, aux comparaisons potentielles, aux jugements et aux condamnations certaines.

Nope, pas gagné.

Mais je me sens déjà mieux.

MÀJ, minuit: Commentaire inutile à m’envoyer: «Sois toi-même»…

MÀJ 12 février, 11h30: À quelqu’un qui m’écrivait sur Facebook que pour gagner sa vie comme auteur, il faut pouvoir épouser plusieurs styles «comme les acteurs épousent plusieurs personages différents», j’ai répondu: «Je suis dans le processus inverse: retrouver ce que j’ai vraiment envie d’écrire, moi, et garder le minimum de piges (en fait, je n’écris désormais que pour des magazines où je peux m’éclater à fond, sinon, je garde seulement les blogues et les chroniques, qui permettent une plus grande liberté)… Je viens de passer les 16 (18, en réalité) dernières années à être un bon caméléon. C’est quoi ma couleur préférée à moi, en 2011? Je crois qu’il y en a plusieurs. Mais faut au moins que je trouve «ma palette»… lol

MÀJ 15 février: Liste de ce que je n’ai pas envie de faire, littérairement parlant: écrire un énième roman sur la trentaine ou la recherche de l’âme soeur. Overdose (même si certains le font très bien). J’ai envie d’aller dans l’émotion, mais pour l’instant, tout ce qui sort tourne en parodie/dérision/délire ou carrément en exaspération. J’imagine que ça veut dire quelque chose.

MÀJ 15 février, une heure après: l’exil, le désir et la perte des repères (peu importe la cause). Voilà les trois thèmes qui me touchent le plus comme lectrice. Ceux sur lesquels j’ai le plus envie d’écrire, aussi. Ça viendra.

MÀJ 17 févier: Le déracinement, plutôt que l’exil…

(La bonne nouvelle, c’est qu’avant de me plonger à fond dans la création, je dois terminer un bouquin qui fait appel à mon côté journalistique et se trouve à des années-lumières de l’univers des magazines féminins. Un bon trait d’union entre le journalisme et la littérature… Sans oublier la série pour enfants Lily Têtue, que je prends un plaisir fou à faire!)

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Aucun commentaire

  • Répondre ClaudeL 12 février 2011 - 7 h 29 min

    “Après tout écrire reste écrire”, tu l’as dit!

  • Répondre Johanne 12 février 2011 - 12 h 14 min

    J’ai passé une partie de l’été dernier à la campagne, à regarder le soleil se coucher et les fleurs pousser, et c’est la période de l’année où j’ai le plus facilement trouvé l’inspiration. Je pense que l’inspiration se cache derrière les préoccupations quotidiennes, et que tout ce que ça prend, c’est du temps libre, suffisamment de temps libre pour déconnecter, pour pousser un peu les préoccupations, et pour reconnecter avec ses émotions et ses idées… Facile à dire, je sais !

  • Répondre Marie-Julie Gagnon 12 février 2011 - 13 h 07 min

    @ClaudeL: Maintenant, reste à éliminer les tics! 😉
    @Johanne: Ce n’est pas «l’inspiration», le problème. Le vrai défi, c’est de trouver le focus. Et oui, du temps LIBRE (idéalement à l’étranger…;-)

  • Répondre Pascale 12 février 2011 - 13 h 44 min

    Il me touche ton texte, il me donne l’impression d’arriver à lire entre tes lignes, c’est déjà beaucoup. Mais bon, je ne te connais pas (mais me permets de te tutoyer…) alors tout cela n’est qu’impression. Une chose par contre : ton texte d’aujourd’hui est un premier pas vers où tu sembles vouloir aller.

    Et l’occasion est bonne pour rappeler cette célèbre citation pleine de sens «Un voyage de mille lieues commence par un pas ». 😉

  • Répondre Jean Michel RiHET - Écritoires 12 février 2011 - 16 h 13 min

    «Je suis dans le processus inverse: retrouver ce que j’ai vraiment envie d’écrire…”
    Partagé.
    Voie de la Clarté.
    Jm

  • Répondre sylvain robert 13 février 2011 - 15 h 06 min

    Je sais tres bien ce qui te manque de tes cours de création littéraires: la chance de cotoyer régulierement ton gourou, un grand cadavre, tout de noir vétu, a l’esprit vif et tordu. Un pisse-vinaigre pratiquant l’autodérision et la sodomie (oups, je pense que je me trompe ici!!). Bref, moi, l’etre le plus inspirant de l’univers!!!!!!!!!!!! (ben quoi, on a le droit de rever non??)

  • Répondre Marie-Julie Gagnon 13 février 2011 - 21 h 45 min

    @Jean Michel RiHET – Écritoires et @Pascale: Merci pour vos bons mots
    @sylvain robert: Hahaha! N’importe quoi! N’empêche, je suis hantée par cette phrase de notre prof de l’époque: «Certains d’entre vous ont du talent mais ne parviendront jamais à publier…» Bon, j’ai déjà publié, mais tant que je n’aurai pas de roman à mon actif, c’est comme si je n’avais rien fait (je sais, je sais). Pour le moment, écrire des nouvelles me permet de «repartir la machine» tranquillement.

  • Répondre Mzelle Gab 20 février 2011 - 12 h 37 min

    C’est un peu la même chose dans les cours de création, s’adapter à chaque professeur ou en auteur, s’adapter à chaque éditeur. Vive les blogs finalement.

  • Répondre saroune 12 mars 2011 - 23 h 18 min

    ton texte ne m,a pas touché, je suis envieuse, je suis une jeune blogueuse et journaliste pour quelques sites c’est souvent du bénévolat, je prends tout, d’ailleurs et j’essaie de faire mon trou dans ce milieux, je ne gagne pas assez en piges pour vivre de l’écriture alors je fais quelques boulot à coté, caissière entre autres. j’ai créé un blog en 2007 pour combler ce manque. C’est un beau luxe, que tu as, celui de pouvoir prendre le temps de faire une telle introspection en ce qui concerne sa carrière. je t’envie

    • Répondre Marie-Julie Gagnon 13 mars 2011 - 8 h 21 min

      Dis-toi que je suis passée par là moi aussi. J’ai travaillé fort (et souvent bénévolement) au début aussi! C’est normal qu’après 18 ans d’efforts, je sois rendue à une autre étape. Bon courage!

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