Actualité Montréal

Au revoir Gilles Carle…

28 novembre 2009

C’était à la fin des années 1990. Cossette interactif m’avait embauchée pour travailler sur un super-contrat: le site Web du Printemps du Québec à Paris. Mon mandat: établir une liste de personnalités marquantes du Québec, tous domaines confondus, faire la recherche et les entrevues avec la plupart d’entre eux. Je faisais équipe avec le réalisateur et concepteur François Comeau.

Quel bonheur pour la jeune journaliste-recherchiste que j’étais de discuter avec les Jacques Lacoursière, Charles Dutoit, Jean-Jules Soucy et cie! L’entrevue la plus marquante (ex-aequo avec Georges Brossard, pour des raisons complètement différentes!) avait sans contredit été celle avec Giles Carle.

D’abord, je me souviens du bordel pas possible pour obtenir le droit de diffuser des extraits de ses films sur le Web (nous avons dû revoir le concept initial pour cette raison). Il y a plusieurs zones floues aujourd’hui entourant la diffusion sur le Web, alors imaginez il y a dix ans! Je me rappelle aussi mes nombreuses discussions avec Chloée Ste-Marie, qui m’avait fortement impressionnée tant par la ferveur que la sensibilité avec laquelle elle défendait l’oeuvre de son homme. Et son homme tout court. J’avais été émue par ce tandem qui m’avait pourtant paru inusité jusque là.

Puis, la rencontre. Je connaissais les films du cinéaste. Ses dessins. La réputation du personnage. Mais c’est un homme-enfant que j’ai eu devant moi le jour du tournage. Un homme malade. Déçu que tout ce qu’il avait accompli ne lui permette pas de vivre décemment. Un homme dont la confiance semblait chancelante, mais qui restait fier de son passé. Un homme chaleureux, aussi. Je me sentais à la fois hyper-privilégiée de passer du temps en compagnie d’une des légendes du cinéma québécois, et mal à l’aise de l’obliger à fournir des efforts pour livrer une entrevue.

Une dizaine d’années plus tard, les souvenirs sont vagues. Mais l’émotion ressentie à ce moment est remontée en apprenant la nouvelle de sa mort. J’offre mes plus sincères condoléances à Chloée Sainte-Marie – pour qui mon admiration n’a cessé de croître depuis – et à leurs proches. Mes pensées vous accompagnent…

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Aucun commentaire

  • Répondre Marc Desjardins 28 novembre 2009 - 18 h 15 min

    J’ai eu la chance immense de connaître Gilles dans son «prime time», alors qu’il était encore certain que tout se pouvait… Curieusement, je l’ai connu au travers de ses femmes qui étaient déjà mes amies; son ex, Carole qui n’a jamais cessé de voir et d’aimer le géant qu’il était et sa conjointe d’alors, Anne, qui lui a sauvé un grand bout de vie en le reconnectant avec la santé. Nous sommes devenus vite amis, devant d’innombrables double espressos avalés en tête à têtes créatifs aux Gâteries, son «bureau» en face de la maison du Carré Saint-Louis. Le hasard et les circonstances lui faisaient croiser souvent Carole, Lewis et plein d’autres artisans de son monde, des gens qu’il avait formés, polis, façonnés, comme tout le cinéma québécois qui lui est tellement redevable. J’ai connu un géant qui ne comptait jamais son temps, que ce soit pour un échange spontané, des conseils où une petite collaboration, souvent bénévole. J’ai ensuite connu Chloé, que j’ai tout de suite adorée tant elle vibrait de curiosité, d’intensité et en même temps de dévotion et d’amour. Elle aussi n’était jamais avare de son temps et de ses énergies.
    La dernière fois où j’ai vu Gilles, elle était toujours là à ses côtés. C’était sur la rue, avec son entourage. Il marchait encore, péniblement, mais tout le reste semblait avoir foutu le camp. Tout sauf son regard toujours géant où je sentais tout ce qu’il aurait voulu me dire… J’en ai pleuré toute la soirée, comme je pleure chaque fois que je parle où que je vois mon vieux complice de route, Léveillée, vivant mais combien caché dans son corps.
    Merci à ces hommes de lumière à qui je dois tant, je vous aime pour toujours…

    Marc

  • Répondre JulieT 29 novembre 2009 - 7 h 03 min

    wow, ça doit avoir été un moment marquant sans aucun doute. Je ne savais pas qu’on avait travaillé chez Cossette en même temps! On ne se connaissait pas à l’époque.

  • Répondre Marie-Julie Gagnon 29 novembre 2009 - 10 h 35 min

    @Marc: Touchant…
    @JulieT: J’ai pigé pour eux pendant une couple d’années de l’extérieur. Le printemps du Québec à Paris est le seul contrat que j’ai fait du bureau, pendant 6 mois.

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