Caraïbes Sur la route

Touriste, «vrai voyageur» ou vacancier extrême?

8 août 2008

J’ai longtemps pensé qu’il existait deux types de voyageurs : les touristes et les «vrais». Tandis que le premier groupe se rue sur les attractions et les clichés, le second fait tout pour sortir des sentiers battus (snobant du coup le premier groupe auquel ils refusent d’être identifiés, même si, au fond, ils restent des touristes eux aussi!).

 

J’avais oublié une troisième catégorie : les «vacanciers extrêmes». Au Mexique, sur la Riviera Maya,  je me rappelle avoir été sidérée en parlant à un Français qui s’apprêtait à rentrer.

 

– Qu’avez-vous visité? lui avais-je demandé

–Rien. Je suis resté à l’hôtel. C’est bien ici.

– Rien du tout? Pas une seule pyramide?

– Non. Je suis sorti un peu et je ne me suis pas trop senti rassuré. J’ai préféré rester ici, en sécurité. La bière est bonne.

 

L’idée de traverser un océan pour s’envoyer quelques verres de bière au soleil me paraît toujours aussi absurde, des années plus tard. Mais bon, si ça le satisfaisait, lui, qui suis-je pour lui faire la morale?

 

À St. Maarteen depuis lundi avec ma grande copine du secondaire, dont c’est le premier voyage (si on exclut New York et la Floride au cégep), je me suis rappelée cette anecdote alors que nous nous déambulions en direction du centre-ville de Philipsburg.

 

  Je suis traumatisée, me dit-elle.

– Pourquoi?

– C’est dégueulasse. Je n’aime pas voir comment les gens vivent. Je m’attendais à ce que ce soit plus beau.

– … (à mon tour d’être sous le choc)

– Et t’as remarqué comment les mecs nous regardent? Ouache! Je n’aime vraiment pas ça.

– …

– C’est sale, ce n’est pas entretenu…

– Mais Nathalie! C’est comme ça qu’ils vivent ici!

– Je sais, mais je ne veux pas le voir!

– Si tu vas dans un tout-inclus à Cuba ou en République dominicaine, tu préférerais siroter des drinks et ignorer le fait que des gens crèvent de faim à quelques pas de ton hôtel?

  Je sais que ça existe, justement, et je ne veux pas le voir. Moi, je veux que ce soit le paradis!

– Mais la vie, ce n’est pas une brochure d’agence de voyage!

  Pas grave! Je veux le croire pendant une semaine!

 

J’avoue que même si je connais son penchant pour la bronzette et la perfection (vous devriez voir comment sa valise est bien rangée!), je ne m’attendais pas à la voir rejoindre le clan des «vacanciers extrêmes».

 

Cela dit, nous avons trouvé des compromis. Je tente de me mettre dans son état d’esprit, et nous faisons des activités chacune de notre côté, Pendant les siestes de bébé, elle lézarde au bord de la piscine (elle la préfère à la mer – précisons ici que la plage de Great Bay est loin d’être idyllique). Si elle n’aime pas trop emprunter la route principale qui mène au centre-ville, passer par la plage lui plaît bien.

 

Aujourd’hui, nous avons passé une superbe journée à la plage de  la Baie orientale, elle au soleil, Maya et moi sous le parasol. Piña colada à la main, nous avons discuté de tout et de rien (incluant les pectoraux du dieu à dreads du Water Sport) pendant que Maya jouait à remplir une bouteille de sable.

 

Je l’adore cette fille. Même si elle ne sera jamais une «vraie»! 😉

 

P.S.: J’ai rédigé ce billet hier soir mais me suis endormie avant de pouvoir le poster!

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Aucun commentaire

  • Répondre MiKE 8 août 2008 - 17 h 13 min

    Entiérement d’accord avec toi.. me rapelle justement un post que j’avais mis en ligne y’a quelques mois déjà : http://mickou.alterlinks.fr/dotclear/index.php/2007/09/02/350-le-tourisme-cest-autre-chose .

  • Répondre Marie-Julie Gagnon 10 août 2008 - 10 h 21 min

    @ Mike: je viens de lire ton billet mais les commentaires sont fermés. Plutôt d’accord avec les propos du courriel. Faut pas trop se faire d’illusions quant à l’intérêt réel des gens envers les «vrais» voyages (je mets «vrais» entre guillemets parce qu’en même temps, c’est tellement prétentieux!). Au moins, je me dis que parmi les gens qui choisissent les formules tout-inclus, quelques-uns auront envie d’aller plus loin… P.S. Bienvenue dans mon Taxi-brousse!

  • Répondre Micka¨l Thomassin 13 août 2008 - 14 h 09 min

    Merci.. je n’ai rien contre ces gens dont tu parles (todo-incluido, on ne sort pas de l’hotel parceque ” dehors , c’est dangereux “, etc..) mais qu’ils ne viennent pas me dire après qu’ils sont allés dans tel ou tel endroits : ils ont juste fait des milliers de km pour retrouver ce qu’ils ont chez eux, avec quelques degrés de plus .. et franchement, je ne vois pas l’intérêt !

    Un tip sympa si tu veux voyager en connaissant un pays et ses habitants : vivre chez les gens.. via notamment hospitalityclub.org ou couchsurfing.com, c’est le pied !

  • Répondre Marie-Julie Gagnon 13 août 2008 - 14 h 13 min

    Oui, j’aime bien couchsurfing etc, mais avec un enfant de bientôt deux ans, ce n’est pas l’idéal! Le meilleur compromis que j’ai trouvé (hormis d’emmener ma «tribu» avec moi pour le boulot et, ainsi, ne pas avoir à payer pour l’hôtel), est de louer des chambres privées dans des hostels ou des auberges de jeunesse. Seul hic: il faut s’y prendre longtemps à l’avance parce que je ne suis pas la seule «backpacker dans l’âme» à le faire!

    Pour le reste, bien d’accord avec toi… Mais bon, à chacun son truc!

  • Répondre Marie l'urbaine 13 août 2008 - 21 h 37 min

    Ça me rappelle un Québécois renontré à Playa del Carmen (à l’époque où il n’y avait qu’un camping de hamacs et deux hotels miteux… et je te jure que ça ne fait pas si longtemps que ça – en 1994 !) qui avait une peur bleue de sortir de la ville et qui ne digérait rien. Il se rendait à Cancun pour se nourrir de McDo. Des semaines de temps.

    C’est vrai, chacun son truc, mais je trouve surtout qu’il faisait pitié, à avoir peur de son ombre et d’être malade tout le temps !

    Je réfléchis parfois à “notre” (toi, moi, ceux qui aiment voyager) capacité à nous adapter à plein de lieux différents. Dans mon cas, je sais que l’autre côté de la médaille, c’est que je suis loin d’être une “femme d’intérieur” : l’ordre et la propreté immaculée, c’est pas mon truc… je préfère aller prendre un café (ou un chocolat chaud ! 🙂 que de frotter !

  • Répondre Marie-Julie Gagnon 13 août 2008 - 21 h 59 min

    Même chose pour moi: je suis nulle avec tout ce qui touche l’entretien d’une maison (et même cuisiner: je préfère de loin essayer de nouveaux restos que de manger mes crêpes brûlées…)!

    L’autre truc est que cette capacité d’adaptation – aussi inhérente à mon boulot de pigiste – fait en sorte que je n’ai aucun remord quand je fais une dépense folle: je sais très bien que je peux survivre avec peu les jours suivants! lol

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