Europe Fragments

Tranche de vie parisienne

21 avril 2008

Dimanche, 16 juillet 2006. Je suis enceinte de plus de six mois, seule à Paris pendant que Chéri défie les moustiques (et le palu) sur la Petite Côte sénégalaise. Je check out, mini-valise Longchamp (à roulettes) achetée la veille en solde aux Galeries Lafayette à la main, et sac au dos. Direction : le Jardin du Luxembourg, que je n’ai encore jamais vu.

 

Première constatation : TOUT LE MONDE se balade avec des valises dans le métro. En fait, depuis deux jours, c’est comme si l’ensemble des Parisiens fuyait la ville en même temps. Je savais que c’était la période où plusieurs voyageaient (c’est d’ailleurs ce qui m’a découragée d’aller passer quelques jours à Marseilles), mais je ne pensais pas qu’ils étaient SI nombreux à le faire ! On dirait une version « vacances » made in France de nos déménagements du 1er juillet.

 

Bref, je disais donc que je défiais soleil brûlant et Parisiens en cavales pour me rendre au Jardin du Luxembourg (en chantant du Joe Dassin « dedans ma tête », of course, je n’en suis pas à un cliché près). Et quand je parle de soleil brûlant, je parle VRAIMENT de soleil brûlant ! J’aurais déjà besoin d’une douche et ça ne fait même pas une heure que j’ai quitté ma chambre climatisée.

 

Chemin faisant, je ne peux m’empêcher d’arrêter prendre une bouchée au resto Les Éditeurs. Je me paye un délicieux filet de bar en regardant les livres qui m’entourent. Je visite ensuite le Jardin du Luxembourg en accéléré : marre de monter et descendre des escaliers avec ma valise, marre du soleil qui me tape dessus, et marre de ne pas porter de verres solaires (la belle idée : j’ai oublié mes lentilles cornéennes de rechange à Montréal…). Il est donc temps pour moi d’aller me poser au Café de Flore (oui oui, encore un gros cliché). Impossible de ne pas y aller, ne serait-ce que pour satisfaire l’ado fascinée que j’étais par le couple Sartre-de Beauvoir. Je me délecte autant de ma Coupe Flore (boules de crème glacée au chocolat et au caramel avec poires nappées de chocolat, coiffées de crème chantilly et d’amandes grillées) à 13 euros que de la conversation hautement philosophique de ma voisine de table.

 

Entre deux atterrissages (chaque bouchée de ce délice m’envoie au 7e ciel), je me régale des propos caricaturaux à l’extrême de cette bourge qui crache les affres de sa pauvre vie de businesswoman fashion dans son portable en prenant de temps en temps une micro-bouchée de salade niçoise. Tout y passe : son mec irrespectueux, ses nombreux allers-retours dans les différentes capitales du monde pour le boulot, l’achat d’un premier appartement « d’adulte » (sous-entendre : plus grand qu’une boîte de Kleenex) et le traitement anti-cellulite qu’elle s’apprête à suivre. Désolée Simone et Jean-Paul, semblerait que la peau d’orange passe avant la philo désormais, au Café de Flore.

 

Je repars avec ma foutue valise qui pèse une tonne (elle est petite, mais drôlement bien remplie – j’ai laissé la grosse à la consigne de l’hôtel) et un grand smile au visage à l’idée de me retrouver bientôt à Madrid et de revoir mon ami Ramon. 

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Aucun commentaire

  • Répondre Vero Shapiro 24 avril 2008 - 12 h 44 min

    “Entre deux atterrissages (chaque bouchée de ce délice m’envoie au 7e ciel)”, tu es vraiment géniale!!!

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