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Et si on se réconciliait avec le Montréal souterrain ?

29 avril 2017
Mea culpa. Pendant des années,  j’ai levé les yeux au ciel chaque fois que des copains de l’étranger débarquaient en me disant vouloir visiter le Montréal souterrain. « Quel cliché ! » ne cessais-je de répéter.
Comme bien des Montréalais, ça m’énervait qu’on fasse tout un plat de ces quelques tunnels reliant des stations de métro et des centres commerciaux. C’était avant que je redécouvre les lieux en compagnie de Mélissa A. Simard, fantastique fondatrice de Tours de la table, pour le magazine Caribou !
Aujourd’hui, je peux le dire : OUI le Montréal intérieur (appellation officielle aujourd’hui, puisque le réseau s’étend bien plus qu’à ses tunnels) recèle de trésors cachés.

Quelques jours avant ma visite avec Mélissa, je suis allée faire un peu de repérage du côté de la gare Bonaventure. Puis, j’ai accompagné des copains (François et Amandine d’Un sac sur le dos, pour ne pas les nommer) de la gare à leur hôtel sans sortir dehors, histoire de leur donner un aperçu de ces fameux tunnels qui, disons-le tout de même, ne sont pas tous égaux. Certains couloirs ont simplement une fonction pratique, alors que d’autres ont des allures de musée.
En prenant le temps de me balader dans quelques sections de la trentaine de kilomètres de tunnels, j’ai pu découvrir de nombreuses oeuvres d’artistes de renom.

Transformation extrême ?

Oui, il a bien évolué ce RÉSO, comme on l’a officiellement baptisé en 2004. Il permet de rallier de nombreux restaurants et boutiques sous la terre, mais aussi au rez-de-chaussée et carrément dans les airs, en haut d’une tour.
La mission que nous a donné l’équipe de Caribou : dénicher des endroits intéressants qui représentent la diversité culinaire de Montréal sans sortir de la ville intérieure. Où manger une vraie bonne poutine ? Quelles tables plus haut de gamme sont accessibles sans mettre le nez dehors ? Où trouve-t-on le meilleur café ? Je suis allée de surprise en surprise en suivant Mélissa dans cette aventure culinaire.

Nous avons pris l’entrée dans l’un des restaurant les plus réputés de la ville, accessibles par les tunnels de RESO. Saurez-vous deviner lequel ?

Où trouver une poutine bien décadente dans le Vieux-Montréal sans sortir dehors ?

Où peut-on déguster ce délicieux sandwich péruvien ?

Dans quel restaurant situé en haut d’une tour peut-on goûter ces desserts sans avoir besoin de mettre le nez dehors ? La vue y est aussi splendide…

Cette dernière proposant des visites guidées de Montréal sous le thème de la gastronomie, elle a, pour les besoins du reportage, concocté un itinéraire sur-mesure franchement bien documenté.

Qui est Mélissa A. Simard ?

Il faut d’ailleurs que je vous parle un peu de cette trentenaire originaire de Prince George, en Colombie-Britannique, qui a adopté le Québec il y a près de deux décennies !
La première ville où Mélissa a posé son sac à dos dans l’est du pays, à l’âge de 17 ans ? Jonquière, où elle s’est retrouvée dans le cadre d’un programme d’immersion. « Mais j’ai surtout fait la fête ! » ajoute-t-elle en riant.

Mélissa A. Simard, fondatrice de Tours de la table (Crédit : Mélanie Dusseault Photographe)

L’année suivante, elle tombe sous le charme d’un Verdunois rencontré dans un bar de Jasper, en Colombie-Britannique. « Nous avons fait du pouce, cueilli des fruits dans la Vallée de l’Okanagan, puis je suis revenue avec lui à Montréal. »
C’était en 2000. Elle part trois mois plus tard pour prendre part au programme Katimavik, puis décide de s’inscrire en commerce à l’Université McGill en 2001.
L’histoire d’amour avec son Verdunois ne dure pas, mais celle avec la Belle Province a des airs de « jusqu’à ce que la mort nous sépare ». « J’ai quitté le gars, mais ça fait maintenant 17 ans que je suis à Montréal » dit-elle dans un excellent français.

Tours de la table

« J’ai fondé Les Tours de la Table en 2012, raconte-t-elle. Durant mon bac, j’ai commencé à travailler en cuisine. Une fois mon bac en Études canadiennes complété, j’ai décidé d’aller à l’école de cuisine. J’ai travaillé en tout pendant sept ans dans ce milieu. J’ai aussi donné des ateliers de cuisine pendant près de cinq ans dans des écoles, organismes communautaires et comme team-building activity dans le corpo. À un moment donné, j’ai arrêté de boire et je me suis séparée de mon chum, avec qui j’ai été pendant huit ans. » Elle décide de quitter le monde de la restauration.
C’est lors d’un voyage à vélo de Seattle à San Francisco que l’idée de concocter des itinéraires gourmands germe dans son esprit. De retour à Montréal, elle travaille comme guide gastronomique et décide, quelques années plus tard, de lancer sa propre compagnie. « J’ai aussi un blogue, mais je ne publie plus beaucoup dessus parce que je travaillais sur un guide gastronomique numérique de Montréal avec Amie Watson, qui est maintenant disponible sur Amazon.
Aujourd’hui maman d’un garçon, Mélissa résume ainsi l’expérience proposée par Tours de la table :
« Montréal, multilingue et cosmopolite, est la première métropole du Canada et elle possède l’avantage d’être à la fois imprégnée de la culture européenne et de la culture nord-américaine. La nostalgie culinaire est profondément enracinée dans la Ville. La bouffe de rue vient tout juste d’y être relancée. Montréal jouit aussi d’une communauté florissante d’entreprises respectueuses de l’environnement qui font la promotion d’une alimentation saine et de l’agriculture urbaine. Notre objectif est de faire découvrir les coulisses de la gastronomie, les chefs les plus talentueux et les personnages historiques qui révèlent le caractère distinctif de Montréal. »

Du bon café dans le métro

Toutes deux passionnées d’histoire et de bonne bouffe, nous avons passé un fort agréable moment à sillonner le RÉSO.
Mon seul regret : faute d’espace, l’équipe de Caribou a dû couper l’un des deux cafés où nous nous sommes arrêtées, soit My Little Cup, qui se trouve au métro McGill (près des guichets).
Qu’à cela ne tienne, je vous invite fortement à vous arrêter y boire un (bon !) café et à saluer le sympathique propriétaire, Bertrand Lucas, si vous passez par là !

My Little Cup, au métro McGill

My Little Cup

Originaire de la région de Charentes, où sa famille fait du cognac, l’entrepreneur s’est intéressé au café de la troisième vague alors qu’il se trouvait à Sydney, en Australie. Il a ouvert un premier café à Bruxelles dans le but « de faire découvrir le café comme on boit du vin», puis est venu s’installer à Montréal. «Chaque café vient d’un terroir, dit-il, insistant sur le fait que le goût change. […] Le café est un produit vivant.»
Le stand du métro McGill a ouvert en janvier 2016, là où se trouvait auparavant une chocolaterie. Il travaille avec des cafés « single origine » de deux torréfacteurs canadiens. « Demandez-nous d’où vient le café d’aujourd’hui !» lance-t-il.
Voyager en buvant du café ? J’aime !
P.S.: Aux dernières nouvelles, la visite du « Montréal intérieur » et ses trésors gastronomiques cachés ne faisait pas partie officiellement des visites offertes par Tours de la table, mais je suis certaine que si vous en faites la demande à Mélissa, elle se fera un plaisir de vous entraîner dans cet univers !
P.P.S. : Je vous ai parlé de mon reportage, mais TOUT ce numéro de Caribou se dévore du début à la fin. Parmi les collaborateurs de ce numéro : Josée Di Stasio, Julie Aubé, Bernard Lavallée, Rafaëlle Germain, Benoit Roberge, Alexandre Taillefer et Ève Dumas. Sans oublier l’équipe du magazine, Véronique Leduc, Geneviève Vézina-Montplaisir, Audrey Lavoie et Tania Jiménez ! Du superbe boulot !

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1 commentaire

  • Répondre N'hésitez jamais - Taxi-Brousse 6 mai 2017 - 13 h 16 min

    […] de spectacles ou de cinéma, les oeuvres d’art et même les magazines indépendants comme Caribou ou Planète F. Et puis, ce sont aussi de merveilleux cadeaux […]

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