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La fois où j’ai embrassé un orteil momifié

26 décembre 2013
Oui, c'est un «vrai»

Oui, c’est un «vrai»…

Je retournais donc au Yukon. Lors de mon second séjour là-bas, en 2012, je n’avais pas pu revoir Dawson city. J’étais restée sur ma faim et, s’il y a une chose que je ne supporte pas, c’est bien rester sur ma faim. Certains préfèrent collectionner les tampons dans leur passeport; moi, je peux revenir 100 fois au même endroit si j’ai l’impression d’être restée sur ma faim.

Pourquoi cette obsession pour Dawson? D’abord, pour son histoire et les personnages qu’on y croise toujours. Mais aussi à cause du sour toe cocktailComme je l’ai expliqué dans cet article, cette boisson insolite, à laquelle on ajoute un orteil humain momifié, est intimement liée à l’époque de la ruée vers l’or.

L’idée aurait germé en 1973, quand le Capitaine Dick Stevensen a trouvé un pot de rhum contenant un orteil dans la cabane où il venait d’emménager. Pour faire une blague, il l’aurait glissé dans le verre de rhum d’un de ses invités. L’anecdote fait mouche et, avec une bande de copains, le capitaine jette les bases d’un club très sélect dont on pourra devenir membre en respectant des règles très strictes.

En résumé, l’orteil doit toucher les lèvres de celui qui boit le cocktail, mais ne pas être croqué ni avalé. Un certificat est remis à tous les nouveaux membres ayant relevé le défi.

Rassurez-vous toutefois : un «back-up» est conservé au congélateur au cas où le doigt de pied trouverait son chemin jusqu’à l’estomac d’un postulant. Les estropiés du coin n’hésitent pas à faire des dons, paraît-il.

Il y a cinq ans, lors de mon premier passage à Dawson city, j’avais bien filmé un touriste se prêter à l’exercice avec mon cellulaire de l’époque (un N95!), mais n’avais pas osé goûter la chose (en fait, je n’avais surtout pas eu la patience de faire la queue). Vous dire à quel point je l’ai regretté!

Seulement voilà, il y avait maintenant ce Josh. La nouvelle a fait le tour de la planète l’été dernier: un touriste – Josh Clark – a avalé délibérément l’orteil du «sour toe cocktail».

Il est entré dans le bar, a bu le cocktail et l’orteil avec, déposant 500$ sur la table – somme exigée si ledit cocktail est ingéré exprès. Une vidéo montrant le «voleur» (canibale?) à l’oeuvre s’est rapidement mise à circuler sur Internet (suis-je la seule à trouver ça louche? On voit tout, tout, tout dans la vidéo!).

Rapidement reprise par les médias du monde entier, la nouvelle faisait aussi mention de ce fait terrifiant: no more back-up toe. Quoi? J’allais me taper toute cette route sans pouvoir aller au bout de mon fantasme? «Oui il y a un back-up», m’a assuré Sheena Greenlaw de Tourism Yukon quelques jours avant mon départ.

FIOU!

Voici la preuve. I did it! Yeah!

Pour être honnête, ce n’est pas tant l’idée qu’un ORTEIL HUMAIN MORT touche ma bouche qui m’a le plus répugnée, mais le goût de sel qui est resté ensuite. J’ai croqué au moins cinq menthes en rafale et mâché un nombre incalculable de gommes pour oublier cet étrange baiser. Et le Yukon Jack, dans lequel avait été déposé le bout de cadavre (la boisson est au choux du buveur)? Pas mal du tout, si vous voulez tout savoir.

Selon le magnifique certificat qu’on m’a remis (jaune, en réalité) pour prouver que j’ai bel et bien gagné mes épaulettes, je serais la 52330e courageuse (ou cinglée, c’est selon) à devenir membre du club. Vous avez dit «sélect»?

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L’expérience ne pourrait avoir lieu ailleurs. Quand on franchit les portes du Downtown hotel, on entre dans un autre monde. Le temps semble s’y être arrêté. Boire un cocktail avec un orteil momifié? Tout à fait dans le ton.

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(Une première version – très différente de celle-ci – de cet article a été publié sur le blogue EnTransit.ca en septembre 2013.)

À lire également: Yukon, me revoici!,  Un orteil dans mon cocktailCet orteil momifié que je m’apprête à embrasser et Ruée vers l’or…teil!Trois tendances touristiques au Canada, Un Québécois au Yukon,

J’étais l’invitée de la Commission Canadienne du tourisme et de Tourism Yukon. Merci! Tous les commentaires émis dans cet article sont les miens.

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4 Commentaires

  • Répondre Laurent 26 décembre 2013 - 10 h 28 min

    C’est marrant, car ce genre d’expérience un peu hors norme, convenons-en, le voyageur s’attend à ce que ce soit forcément dans un coin paumé de la jungle, genre en Papouasie-Nouvelle-Guinée par exemple. C’est vrai, ça se doit d’être un truc d’hommes “primitifs” (j’insiste sur les guillemets !). Comme quoi, les stéréotypes ont toujours la vie dure !

  • Répondre Chrissand Voyage 8 janvier 2014 - 16 h 45 min

    C’est ce genre d’anecdote qui rendent un voyage original. On se souviendra + de ce cocktail que d’une autre visite dans cette ville.

  • Répondre Emilyz 17 janvier 2014 - 20 h 36 min

    Le truc dont tu nous as parlé! Ça a l’air bien dégueulasse tout de même!

  • Répondre Cartes postales du Canada - Taxi-Brousse 19 avril 2017 - 9 h 46 min

    […] Vous l’aurez compris : Cartes postales du Canada n’est absolument pas un livre politique. C’est l’histoire d’une Québécoise originaire du Lac-Saint-Jean qui a parcouru la planète pour réaliser que l’aventure et les chocs culturels auxquels elle est complètement accro l’attendaient aussi à deux pas de chez elle. D’une grande passionnée de trains, aussi, qui remonte le temps tout en regardant le paysage se transformer par la fenêtre du wagon. D’une collectionneuse d’histoires qui a un fort penchant pour l’insolite, allant même jusqu’à boire un cocktail contenant un véritable orteil humain momifié. […]

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