Réflexions Tendances

Désintox numérique ou encore plus de techno?

4 août 2013

Le sujet me passionne depuis des mois (j’en avais d’ailleurs fait mention dans ce reportage et il a été l’objet de ma dernière chronique à Libre-Service, à MAtv, le printemps dernier).  Alors que de plus en plus de voyageurs cherchent à être connectés en tout temps, même en vacances, une autre grande tendance se dessine: celle de se débrancher complètement. Il ne suffit plus de se rendre dans des hôtels sans WiFi. Les forfaits de désintox numériques se multiplient afin «d’obliger» les accros de la techno à se délester de leurs gadgets.  Je profite de la lecture d’un énième reportage sur le sujet (dans Le Monde ce matin) pour partager les notes et observations accumulées au cours des derniers mois.

Vous avez peut-être vu passer la nouvelle vous aussi: à Majorque, en Espagne, le Sol Wave House s’est auto-proclamé premier hôtel Twitter.

Sur place, les adeptes de l’oiseau bleu peuvent utiliser différents mots-clics pour maximiser leur expérience et un «Twitter concierge» veille à satisfaire les désirs de la clientèle ultra-branchée.  Ironiquement, le compte Twitter de l’établissement ne compte même pas 1000 abonnés…

Inutile d’aller jusqu’à Majorque pour le constater: un nombre croissant de voyageur a le nez rivé sur son téléphone intelligent dans les aéroports, les hôtels ou les auberges de jeunesse. On s’en sert autant pour s’informer que pour partager. Pour plusieurs, les applications mobiles ont remplacé les guides de voyage. Il est si facile d’avoir toute l’information voulue au bout des doigts!

En mars 2013, une enquête de Hotels.com a révélé que plus du tiers des voyageurs considèrent WiFi gratuit comme le critère no. un dans le choix de leur hôtel.  Doit-on alors s’étonner qu’en contrepartie, de plus en plus de gens sentent le besoin de se débrancher?…

À force de lire sur le sujet, j’en suis venue à me dire qu’au fond, les deux tendances rejoignent exactement la même clientèle. En tant que «technomade» assumée, je suis la première à reconnaître qu’il m’arrive de verser dans l’excès.  Pour la même raison, je songe à m’offrir une cure «no techno» depuis plus de deux ans.  Je l’ai fait sur de très courtes périodes, remarquez (la plupart du temps quand j’y étais obligée parce que la zone dans laquelle je me trouvais n’était pas couverte par mon fournisseur de téléphonie cellulaire!), mais je suis persuadée du bienfait de prendre de vraies pauses de temps en temps. Par contre, ce n’est pas si facile de se couper ainsi de la technologie! Voilà pourquoi un forfait incluant soleil et promesses de repos peut devenir intéressant.

Car ce n’est pas tant le gadget qui nous manque, mais le monde qu’il nous permet de voir évoluer à travers l’écran. Le syndrome FOMO, vous connaissez? J’en souffre, comme bien d’autres qui refusent de l’admettre. Ce mal 2.0 vise les boulimiques d’infos qui ne veulent rien manquer, mais aussi les social butterflies qui veulent être partout à la fois (mon article sur le sujet ici). Même dans un lieu de rêve, on a toujours un copain quelque part qui semble vachement s’éclater dans un endroit où nous aurions pu être nous aussi. Merci à Instagram, Twitter, Facebook et autres Pinterest de nous le rappeler.

C’est l’un des grands paradoxes des réseaux sociaux: on a jamais été autant dans le «ici et maintenant», mais on a jamais autant voulu être ailleurs. Heureusement, avec le temps (et l’âge!), on arrive à relativiser. Et à (surtout) en apprécier les bons côtés.

La surconsommation techno inspire aussi les publicitaires.  En janvier dernier, des zones «no WiFi» qui bloquent les signaux dans un périmètre de 5 km ont fait leur apparition au centre-ville d’Amsterdam. Ils sont commandités par Kit Kat, qui recommende de «prendre une pause»…

Tiens, j’irais bien à Amsterdam pour les «Instagramer» celles-là. 😉

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QUELQUES EXEMPLES D’INITIATIVES DE DÉSINTOX NUMÉRIQUES REPÉRÉES AU COURS DE LA DERNIÈRE ANNÉE: 

Option Déconnexion du Spa Eastman: Au Québec, le spa Eastman est l’un des premiers à proposer une désintox techno.  À l’arrivé, ls appareils sont pris en charge. On nous offre un guide «Reconnecter» qui propose des trucs pour rééquilibrer l’utilisation des appareils numériques au quotidien. L’option peut s’ajouter à n’importe quel forfait existant. Des tests sont disponibles sur le site pour déterminer si ce type de séjour pourrait vous être bénéfique.

• Désintox de groupe au Château Laurier, à Ottawa, lors de réunions:  Dès qu’on entre dans la salle, on met tous nos gadgets électroniques dans une boîte noire qui est sous clé pendant toute la durée de la rencontre.

• À Los Angeles, Eva Restaurant offre un rabais de 5% aux gens qui laissent leur téléphone à la réception.

• Virgin Holidays propose une «thérapie de débranchement» par l’entremise de six capsules vidéo qui expliquent comment résister à la tentation de la technologie.  On y découvre les étapes à suivre pour décrocher complètement avant le départ,  pour profiter pleinement de son voyage et comment ne pas vivre un choc de retour trop intense….

• St-Vincent-et-les-grenadines, archipel composé de 32 îles dans les Caraïbes, a carrément axé sa promo sur la «désintox techno» en 2012. On y offrait notamment un forfait d’environ 3800$ pour 7 nuits dans différents établissements et le vol (depuis les États-Unis). Au programme : pas de télé, pas d’Intenet ni de téléphone dans les chambres. Pour avertir le personnel qu’on souhaitait que sa chambre soit nettoyée, on devait accrocher un petit drapeau jaune sur une pole de bambou, sur la porte.

• À Vancouver, le Loden Hotel a aussi proposé un forfait «Digital Detox» en 2012 qui consistait à laisser ses bébelles électroniques au concierge en échange d’un massage  relaxant et d’une séance au sauna à infrarouge (à partir de 229$).

• À Chicago, l’hôtel Monaco offre l’option «black-out». On remet tout simplement nos gadgets à l’arrivée. Mais la majorité préfère les garder et utiliser WiFi, a confié le directeur à CNN.

• À Dublin, l’hôtel Westin  a élaboré un «digital detox package». Les gadgets électroniques sont enfermés dans un coffre-fort pendant la durée du séjour et on s’assure que les clients sont traités aux petits oignons pour les oublier : déjeuner est servi au lit et on leur remet un «kit de survie» qui comprend des guides en papier pour explorer la ville et des jeux de société.

EN VRAC:

Selon une enquête effectuée par Osterman Research en 2010 , dont a fait mention le Réseau de veille en dans un dossier sur la désintox numérique en janvier 2013 :   1/3 des répondants affirmait avoir vérifié ses courriels en vacances pendant qu’ils pratiquaient une activité sportive comme le vélo, le ski ou l’équitation.  (J’ai l’impression qu’il y en aurait encore plus en 2013!).

• Autre sondage auprès  des clients de la chaîne d’hôtels Marriott and Renaissance Caribbean & Mexico Resorts : 85% des répondants ont déjà été dérangés par quelqu’un qui parlait fort au téléphone portable/cellulaire, que 50% ont indiqué consulter leurs courriels et leurs messages vocaux plusieurs fois par jour pendant les vacances et même que 31% avaient été tentés de jeter leur appareil mobile à l’eau…

À LIRE ÉGALEMENT: Mon utilisation de la techno en voyage.

(Source: plusieurs, dont le Réseau de veille en tourisme)

Vous me trouverez aussi sur Twitter,  Instagram (@Technomade) et Facebook.

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4 Commentaires

  • Répondre Curieuse Voyageuse 5 août 2013 - 2 h 31 min

    Pour le coup, je m’offre régulièrement des coupures. Être vraiment dans le présent, sans aucun accessoire wifi.
    Par contre, un accessoire dont je ne pourrai jamais me passer: un fidèle carnet, toujours avec moi 😉

  • Répondre elizabethlandry 7 août 2013 - 10 h 21 min

    A reblogué ceci sur Les Chroniques d'une Hôtesse de l'air and commented:
    Moi je vote pour désintox numérique!

  • Répondre Genevieve 7 août 2013 - 14 h 00 min

    Très drôle ce billet je viens de faire 1 semaine unplug et MY GOD le temps a ralentis et c’est magique! Il était là tout ce temps qu’on cherche, qu’on croit disparut! Dans le IPHONE! Sur facebook et autres! Depuis ce temps, et je n’exagère pas, je vis mieux.

    Pas game d’essayer. Tu me posteras tes impressions… ( ironique)
    Merci de ce billet, j’adore la façon dont tu fais l’étalage de ton opinion, continue! 🙂

  • Répondre Mes (presque) neuf ans sur Twitter - Taxi-Brousse 21 mars 2016 - 14 h 31 min

    […] Instagram, Les outils pour mesurer l’influence, ça vaut quoi?, Mes sources dans La Presse, Désintox numérique ou encore plus de techno?, Twitter, une drogue douce, Twitter en travaillant, Du virtuel au réel, Twitter à TVA, Mes […]

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